Qu’est-ce qui déclenche une COVID grave?
Les graves symptômes associés à la COVID-19 proviendraient non pas du virus lui-même, mais de notre système immunitaire, selon une récente étude publiée dans la revue Nature. Les globules blancs, ces cellules censées nous protéger contre les microbes, deviendraient même un « cheval de Troie » susceptible de causer la destruction de nos organes.
Deux types de globules blancs sont ciblés par cette étude parue dans la revue Nature, les macrophages dans les poumons et les monocytes dans le sang.
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Ces « monocytes » seraient tout particulièrement responsables de la « cascade inflammatoire » qui endommage nos poumons, nos muscles et notre cœur, et qui peut entraîner la mort. En temps normal, ces monocytes absorbent les microbes pour ensuite les détruire.
Or, le virus de la COVID-19 posséderait la capacité de survivre à cette absorption, et même d’utiliser ces globules blancs pour se reproduire. « C’est une découverte surprenante, car elle montre que les [globules blancs] peuvent favoriser l’infection », indique-t-on dans l’article.
Ce qui devrait lutter contre la maladie au contraire la propage, confirme le Dr Donald Vinh, spécialiste des maladies infectieuses associé à l’Université McGill. « Le problème, c’est que [les monocytes] circulent dans notre sang, et donc dans nos organes. Ça devient une sorte de cheval de Troie pour aller au point d’entrée des autres organes, comme le cerveau, le foie, ou peu importe, et faciliter la distribution du virus. »
Une fois que le virus est présent partout dans le corps, notre système immunitaire n’a plus d’autre choix que de sortir l’artillerie lourde pour se débarrasser de l’intrus. Cette contre-attaque immunitaire prend alors la forme d’une autodestruction.
« Le système immunitaire essaye d’utiliser un bazooka plutôt qu’un pistolet pour tuer les cellules infectées en masse, explique le Dr Vinh. […] Quand le virus commence à se propager, on doit augmenter notre réponse. Et là, on manque de précision. On ne cible pas juste les cellules infectées, mais aussi les cellules autour. Et c’est pourquoi on a des dommages aux organes. »
Ce qui est « épeurant » dans cette découverte, ajoute-t-il, c’est l’impossibilité de freiner cette « cascade inflammatoire », car « interrompre ce processus d’inflammation dans le monocyte aide le virus à se reproduire ».
Les traitements actuels parviennent tout de même à freiner partiellement l’emballement du système immunitaire, et cette étude confirme un peu plus le besoin de médicaments « stratégiques », estime l’immunologue québécois. « Si on peut comprendre ce processus d’infection, ça peut nous permettre de comprendre un petit peu plus l’efficacité de nos médicaments. »
Ce texte est tiré de notre infolettre « Le courrier du coronavirus » du 11 avril 2022. Pour vous abonner, cliquez ici.