La protectrice du citoyen prudente

Bien qu’elle adhère aux objectifs de la réforme du réseau de la santé, la protectrice du citoyen, Raymonde Saint-Germain, craint les dérapages. « Je suis d’accord sur le fond, mais je veux insister sur les risques », a-t-elle dit au ministre Gaétan Barrette en commission parlementaire, lundi.
Selon la protectrice, il est permis de s’attendre à une meilleure intégration des services à la suite de la réforme, comme le promet le ministre. « Les corridors de services seront plus faciles à établir », estime celle qui, dans ses enquêtes, relève souvent des lacunes à cette enseigne.
Si elle voit d’un bon oeil la constitution d’un seul établissement de santé par région, elle entrevoit que ces derniers seront difficilement gérables dans les régions de plus de 500 000 habitants, comme la Montérégie, la Capitale nationale et les Laurentides.
Elle craint aussi, comme plusieurs autres, que la mission hospitalière ne l’emporte sur les services sociaux, la santé publique, la santé mentale et la protection de la jeunesse dans les futurs mégas établissements.
Dans la foulée des fusions, un nivellement par le bas des services offerts, en raison des pressions budgétaires, est à craindre, écrit aussi la protectrice dans son mémoire.
Elle exige du ministre un plan de transition et trouve l’échéancier actuel irréaliste. De plus, elle demande à ce que les règlements soient publiés dans la Gazette officielle, obligation à laquelle le ministre souhaite se soustraire. Pour Mme Saint-Germain, c’est une entorse inacceptable à la transparence de l’action gouvernementale, explique-t-elle.
La réforme ne doit pas non plus mettre en veilleuse tout autre projet d’amélioration du réseau. « Parallèlement, et non après, l’offre de service doit être améliorée », juge la protectrice.
Injustice régionale
L’Institut universitaire de cardiologie et de pneumologie de Québec dénonce de son côté son intégration à un Centre intégré de santé et de services sociaux (CISSS), la structure qui remplacera les agences de la santé. Alarmé, l’Institut, dans son mémoire, prédit une perte de vitesse de la région de Québec par rapport à Montréal en recherche, et un impact pour l’économie de la région.
Établissement se disant exemplaire, il exige son indépendance au même titre que quatre établissements universitaires montréalais. De plus, en éliminant la fonction supra-régionale de l’institut, le projet de loi « crée une iniquité importante entre les soins offerts » à la population montréalaise et à celle du reste du Québec. Ce sont 2,2 millions de Québécois qui se trouvent actuellement sur le territoire desservi par cet établissement spécialisé de Québec.
L’Institut prédit une « détérioration de la qualité des soins », car il serait difficile de maintenir l’expertise dans un « point de service » sans autonomie, incapable même de présenter ses propres demandes de subventions. « Une installation ne possède aucune existence légale », s’insurge l’Institut dans son mémoire, craignant de se retrouver en fin de liste des priorités du CISSS fusionné de la région de Québec.
Étant déjà un des établissements les plus « performants » au Québec, l’Institut ne voit aucune « plus-value économique » à être intégré à un CISSS.