Risque de perturbation du transport scolaire lors de la rentrée

Le transport des élèves en autobus jaune risque d’être perturbé au moment de la rentrée scolaire, dans deux semaines. Des centres de services scolaires de toutes les régions du Québec préviennent les parents qu’ils doivent prévoir une solution de rechange, parce que les négociations en vue du renouvellement des contrats avec les transporteurs restent dans l’impasse, après neuf mois d’intenses discussions.

« Il est important que les parents des élèves concernés sachent qu’il pourrait y avoir des bris de service du transport scolaire dès la rentrée. S’il n’y a pas d’autobus scolaires (ou de berlines, le cas échéant), les parents des élèves usagers du transport scolaire devront trouver d’autres moyens afin de déposer et de récupérer leurs enfants à l’école, et ce, pour une durée indéterminée », indique un message du Centre de services scolaire des Grandes-Seigneuries, en Montérégie, envoyé aux parents cette semaine.

« Malheureusement, malgré l’offre révisée et bonifiée du gouvernement du Québec, les transporteurs scolaires considèrent que les montants offerts ne sont pas suffisants pour compenser l’augmentation de leurs coûts d’exploitation. À ce jour, nous n’avons pas été en mesure d’arriver à une entente. Par conséquent, si aucune entente n’est conclue d’ici la rentrée scolaire, le transport pourrait ne pas être disponible pour les élèves », précise une lettre aux parents de la commission scolaire anglophone Western Quebec, en Outaouais.

Ces possibles perturbations du transport scolaire touchent toutes les régions. Les élèves des centres urbains comme Montréal, notamment ceux du secondaire, seraient toutefois moins affectés, car ils se rendent à l’école en transports en commun.

Hausse des coûts

 

La Fédération des transporteurs par autobus (FTA) confirme que les discussions se poursuivent avec Québec en vue d’une entente avant le retour en classe, prévu l’avant-dernière semaine ou la dernière semaine du mois d’août, dépendant des centres de services scolaires.

« Il y a beaucoup de travail [de négociation] qui se fait, mais il reste une marge entre nos demandes et les offres », indique Luc Lafrance, président-directeur général de la FTA.

Les transporteurs demandent des hausses de tarifs de 20 à 25 % pour le déplacement des élèves en raison de l’explosion des coûts du carburant, de l’entretien des véhicules et de la main-d’oeuvre. L’électrification du transport scolaire ajoute aussi une pression sur les transporteurs, qui doivent payer plus de 50 000 $ supplémentaires par autobus électrique, souligne M. Lafrance.

Les négociations pour le renouvellement des contrats de travail des chauffeurs d’autobus doivent avoir lieu au cours de l’automne. Les conducteurs, qui gagnent en moyenne 20 000 $ par année, exigent des hausses de salaire importantes, a prévenu la Confédération des syndicats nationaux (CSN). Le syndicat estime qu’il manque 1500 conducteurs d’autobus jaune au Québec. La moyenne d’âge des chauffeurs est élevée. Plusieurs ont l’âge de la retraite et ont abandonné le métier à cause des risques pour leur santé dus à la pandémie.

« On risque d’avoir des mandats de grève en pleine année scolaire, dit Luc Lafrance. On ne le souhaite pas, mais on est dans un contexte d’incertitudes financières. »

100 millions sur la table

Le ministère de l’Éducation souligne que ce sont les centres de services scolaires qui négocient avec les transporteurs. « Cependant, le ministère travaille de concert avec le réseau scolaire afin de les soutenir dans le cadre de cette opération. […] Nous sommes convaincus d’arriver à une solution permettant d’offrir à nos élèves, dès la prochaine rentrée scolaire, un service de qualité et sécuritaire », précise Esther Chouinard, porte-parole du ministère.

La Fédération des centres de services scolaires du Québec (FCSSQ) indique que le programme d’aide financière destiné aux chauffeurs d’autobus s’élève à plus de 35 millions de dollars en 2022-2023. L’aide accordée à la transition pour l’électrification s’élève à plus de 7,7 millions de dollars. L’indexation associée au carburant s’élève à plus de 38,5 %, alors que celle liée aux autres dépenses est établie en fonction de l’IPC-Québec (5,8 % au 31 mai dernier), précise le FCSSQ.

La Fédération des comités de parents du Québec (FCPQ) presse les parties d’arriver à une entente avant le retour à l’école. « Le transport scolaire est un service essentiel pour la plupart des parents », souligne Kévin Roy, président de la FCPQ.

Il souhaite qu’en cas de rupture de service, les parents soient avisés le plus tôt possible pour trouver un plan B pour le transport de leurs enfants. « Ce n’est pas évident, surtout pour des parents de famille monoparentale qui ont des horaires atypiques, comme les infirmières. »

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