Étudiants et retraités

Ce texte fait partie du cahier spécial Formation continue
Chaque année, des centaines d’aînés retournent sur les bancs d’école. Que cela soit par curiosité, par envie d’apprendre ou pour rencontrer de nouvelles personnes, suivre des formations a un effet bénéfique sur le vieillissement.
« Les étudiants nous disent souvent qu’ils avaient hâte d’être à la retraite pour enfin venir suivre des cours dans des domaines qu’ils n’ont pas eu la chance d’étudier avant », lance Monique Harvey, directrice des 28 antennes de l’Université du troisième âge (UTA) de l’Université de Sherbrooke, la première ayant été fondée en Amérique du Nord, en 1976. Aujourd’hui, les différentes branches de l’UTA sont présentes dans presque tout le territoire de la province.
En plus de ce large réseau, cet automne, l’Université de tous âges à Montréal (UTAM), lancée par la Direction générale de la formation continue de l’Université Laval, a accueilli ses premiers étudiants. « Il n’y a tout simplement pas d’âge pour continuer à apprendre et à comprendre, pense Nicole Lacasse, directrice générale de la formation continue à l’Université Laval. J’aime bien la phrase “apprends comme si tu devais vivre toujours”. » Déjà responsable de trois campus de l’Université du troisième âge à Québec (UTAQ), Mme Lacasse estime que ce type de formation répond à un besoin des aînés. « Vieillir, c’est s’occuper du corps et de l’esprit », pense-t-elle.
Vieillissement actif
Si ni critère d’admission, ni travaux, ni examens ne sont exigés, le niveau n’en reste pas moins universitaire. « Nos étudiants sont là parce qu’ils veulent acquérir de nouveaux savoirs, mais aussi pour partager ce qu’ils savent, note Mme Lacasse. Nous proposons de vrais transferts de connaissances, ce ne sont pas seulement des exposés oraux, mais bien des cours, avec un plan, une structure, des objectifs pédagogiques. » De son côté, Mme Harvey note que près de 60 % des étudiants de l’UTA ont un niveau de scolarité universitaire. « Il y a aussi des gens qui n’ont pas de diplôme universitaire, c’est accessible à tous », précise-t-elle toutefois.
J'aime bien la phrase : “Apprends comme si tu devais vivre toujours”
Être retraité et étudiant a d’ailleurs des effets bénéfiques sur le vieillissement. « La pratique d’activités stimulantes intellectuelles va favoriser le bon fonctionnement du cerveau et avoir un effet positif sur la cognition, détaille Christian-Alexandre Castellano, agent de recherche dans l’équipe du professeur Stephen Cunnane, titulaire de la Chaire de recherche sur le métabolisme cérébral et la cognition au cours du vieillissement de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’Université de Sherbrooke. C’est un peu faire de la gymnastique du cerveau. » Il explique que participer aux différentes activités proposées par les universités du troisième âge permet aussi de lutter contre le risque de développer une maladie dégénérative. « Il s’agit de prévention, ce n’est pas la solution miracle, il n’y en a pas, mais cela ne peut pas faire de mal », défend-il.
Apprendre pour le plaisir
Pour continuer à intéresser les aînés, les sujets varient le plus possible chaque session. Trouver les thèmes des cours représente d’ailleurs tout un défi pour ces universités. « Dans chacune de nos antennes, il y a des comités de programmation composés de bénévoles étudiants qui font des recherches, selon les intérêts et les ressources du milieu », détaille Mme Harvey. Histoire, philosophie, psychologie, science sont autant de domaines proposés lors des différentes sessions de l’UTA. Du côté de l’UTAM, pour cette première session, les étudiants peuvent suivre des cours aussi divers que « Parler espagnol pour voyager », « Maintenir son cerveau actif après 50 ans » ou encore « Relecture inédite des sources mystiques et missionnaires de la Nouvelle-France ». « Les aînés ont besoin d’avoir une certaine valorisation, une fois que le travail n’est plus là, et de trouver des tâches qui vont les stimuler intellectuellement », souligne Mme Harvey. Les formules sont différentes selon le sujet et l’intervenant, allant des cours de type magistraux, aux ateliers en petit groupe, conférences, exposés, en passant par des séminaires. Également, l’UTA propose régulièrement des activités sportives, telles que le conditionnement physique, l’aquaforme ou encore le tai-chi.
« Lorsque l’on vient à l’UTA, le but n’est plus professionnelle, c’est vraiment pour le développement personnel et cognitif », note Mme Harvey. Le partage des connaissances est fortement encouragé, et les périodes de questions prennent une place centrale dans les cours. Par ailleurs, M. Castellano insiste sur l’importance de la notion de plaisir, qui va faciliter l’apprentissage par rapport au cerveau. « Il ne faut pas suivre un apprentissage pour suivre un apprentissage, la personne doit y trouver un intérêt pour que cela soit bénéfique pour lui », précise-t-il. De plus, le fait de ne pas être évalué permet d’évoluer sans contrainte ni jugement. « L’évaluation ne va pas dans le sens du plaisir, puisque le stress n’est pas bon pour le vieillissement, argumente-t-il. C’est comme pour les Jeux olympiques, l’important c’est de participer. »
S’impliquer dans son milieu
« Nos objectifs, c’est l’acquisition des connaissances, mais nous avons aussi une mission sociale », estime Mme Harvey, mentionnant que ces formations peuvent permettre de réduire l’isolement des aînés, notamment en région. Elle insiste sur l’importance des différentes antennes de l’UTA à travers la province, qui en assure une bonne accessibilité. De son côté, M. Castellano souligne la dimension sociale de ces formations et note l’effet positif de la rencontre entre participants. « L’interaction est particulièrement intéressante, car les études montrent que toute activité sociale va être bénéfique pour le cerveau », explique-t-il.
En outre, le fonctionnement de l’UTA est notamment basé sur la participation de ses étudiants. Environ 12 % agissent à titre de bénévoles dans l’organisation des activités à l’intérieur des programmes, dans l’ensemble des antennes. Un fonctionnement qui permet de réduire les coûts, puisque l’université ne reçoit aucune subvention et doit donc s’autofinancer.
Ce contenu a été produit par l’équipe des publications spéciales du Devoir, relevant du marketing. La rédaction du Devoir n’y a pas pris part.