

La concurrence se corse sur le marché du café
Au Québec, l’attrait croissant pour l’autre or noir oblige les cafés à se diversifier.
Si les cafés indépendants rivalisent de stratégies pour attirer les clients et obtenir leur part du marché, ils finissent tous par se rencontrer sur les réseaux sociaux, le bouche-à-oreille 2.0.
« Les réseaux sociaux sont devenus essentiels pour consolider la clientèle, en plus d’attirer de nouvelles personnes », assure Maxime Richard, copropriétaire du café Pista. Avant de s’installer dans la rue Beaubien, à Montréal, le jeune entrepreneur roulait d’un événement à l’autre sur son vélo-café. « Quand tu es mobile, tu dois montrer que tu es actif et indiquer où tu seras présent. J’ai vite compris que c’est par les réseaux sociaux que ça passait. »
Tout en gardant un oeil sur la concurrence, il a aussi misé sur les réseaux sociaux — surtout Instagram — une fois installé dans son local de Rosemont–La Petite-Patrie. Il a engagé un gestionnaire des réseaux sociaux pour notamment publier « la bonne photo au bon moment » et répondre aux clients.
Depuis un an (ils sont désormais trois à la barre du Pista), cette gestion se fait à l’interne. On annonce les promotions, les nouveautés, les heures d’ouverture pendant les jours fériés. « Ça rejoint plus de clients qu’une affiche sur la porte du café », constate M. Richard.
« On ne peut plus simplement compter sur le bouche-à-oreille, on veut se faire connaître sur les réseaux sociaux pour avoir un impact plus large », renchérit Simon-Louis Brosseau.
Le copropriétaire des trois cafés Paquebot dans la métropole reconnaît qu’il est encore à apprendre à maîtriser ces outils pour attirer plus de consommateurs. « C’est beaucoup de temps investi pour prendre des photos, faire un suivi, faire en sorte que les gens nous suivent, leur répondre. Ça prendrait quasiment quelqu’un à temps plein. »
Pour rejoindre encore plus de personnes, le Doggy Café, installé dans la rue Saint-Denis, s’est carrément tourné vers une influenceuse déjà cliente — l’humoriste Rosalie Vaillancourt — pour bénéficier de sa popularité sur Instagram. Les copropriétaires concentraient surtout leurs efforts sur Facebook, mais sur l’avis de conseillers marketing, elles ont compris qu’Instagram leur apporterait plus de visibilité.
Un choix judicieux, selon le consultant en marketing numérique Frederic Gonzalo. « C’est surtout sur Instagram que ça se passe depuis plusieurs années. Facebook est devenu énervant avec son algorithme. C’est une plateforme de masse plus généraliste. »
M. Gonzalo, qui donne des conférences sur le sujet, constate que les cafés ont tendance à même penser leur décoration en fonction d’Instagram.
Et M. Brosseau, du café Paquebot, l’avoue : « On veut que l’endroit soit “instagrammable”, parce que les gens publient des photos des cafés qu’ils ont aimés. » Il a donc orné l’un des murs de briques de sa succursale, avenue du Mont-Royal, d’un néon coloré en forme de bateau dans le but d’attirer les regards… et les flashs des téléphones intelligents.
L’accessoire a déjà fait le tour d’Instagram, accompagné du mot-clic #mtlcafecrawl. C’est Ali Inay qui a créé ce mot-clic, devenu incontournable pour les artisans et amateurs de cafés indépendants à Montréal.
Celui qui est analyste de données dans la vie de tous les jours compte aussi un compte coiffé du même nom à son actif, suivi par quelque 21 000 personnes. Il y publie ou y repartage des photos des cafés qu’il découvre aux quatre coins de la ville.
Il trouve néanmoins regrettable que la beauté d’un café soit devenue le critère numéro un, au détriment parfois de la qualité du produit, reconnaissant du même souffle qu’il contribue à cette situation. Cela dit, l’endroit a beau être bien décoré et populaire sur Instagram, « si ton café est franchement ordinaire, ça ne fera pas de miracle, ça ne fidélisera pas les clients », laisse tomber Frederic Gonzalo.
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