Une intervention policière pour séparer un enfant inuit de sa mère suscite l’indignation

Une vidéo montrant un enfant inuit en crise et transporté de force par la police a fait grand bruit sur les réseaux sociaux dans la dernière semaine.
Dans cet extrait filmé et diffusé sur Facebook par sa mère le 15 avril, un garçon est pris par les pieds et les bras par deux policiers, accompagnés d’une travailleuse sociale du village du Nunavik où il se trouve, et est ensuite emmené pieds nus dehors dans un véhicule.
Sur son compte Facebook, la mère de l’enfant, dont ni le nom ni le lieu de domicile ne seront divulgués pour préserver son anonymat, explique qu’elle n’a pas bronché. « Je suis restée calme parce que je ne voulais pas être arrêtée », a-t-elle écrit, en qualifiant du même souffle la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) de « système tordu ».
La vidéo d’une minute, qui ne donne aucun détail sur ce qui a précédé l’intervention policière, a été partagée plus de 2000 fois et a suscité beaucoup de commentaires désobligeants du public. « La DPJ est le nouveau pensionnat », a écrit une personne. Ce sont « les kidnappeurs du gouvernement », a écrit une autre. Plusieurs ont déploré la façon dont l’enfant a été emmené de force et semblaient trouver que d’autres méthodes plus appropriées auraient pu être utilisées.
Jointe par Le Devoir,la mère a refusé de commenter la situation. Elle avait toutefois d’abord déclaré à CTV qu’elle était avec son fils chez un membre de sa famille, après avoir passé deux mois sans le voir. La femme inuite évoque un malentendu entre elle et la DPJ, et elle assure avoir avisé celle-ci de l’existence de cette rencontre avec son fils.
Pas une « procédure usuelle »
La Régie régionale de la santé et des services sociaux du Nunavik (RRSSSN) a indiqué au Devoir que ce que montre cette vidéo « n’est aucunement une procédure usuelle » de la DPJ. « Néanmoins, dans de rares circonstances où toutes les approches possibles ont été tentées en vain, le soutien de la police peut être demandé. »
Avant d’en arriver à une intervention policière, un « très vaste » éventail de méthodes a été entrepris, et l’accord des superviseurs de la DPJ est donné. « Les décisions qui vont en ce sens sont extrêmement rares », a-t-on insisté.
Le chef de la police du Nunavik, Jean-Pierre Larose, a indiqué que ce genre d’intervention conjointe de la police et de la DPJ n’est pas « rare au Nunavik ». « Ce n’est pas fréquent, mais ça, oui, ça arrive », a-t-il précisé. Il explique que c’est la DPJ qui évalue si une présence policière est nécessaire et qui en fait ensuite la demande. Dans le cas de cet enfant, « sa sécurité était compromise », a assuré M. Larose. « On a fait du mieux qu’on pouvait dans les circonstances. »
La mère du garçon a plusieurs antécédents judiciaires depuis 2010. On parle principalement de conduite avec les facultés affaiblies, de refus de s’arrêter et d’entrave à un agent de la paix. Elle a également été accusée de menaces, de voies de fait et de méfaits sur des biens. Elle cumule les sentences de probation et de travaux communautaires ; elle a aussi récemment écopé d’une assignation à résidence de quelques mois.
Avec Jessica Nadeau