La COVID-19 a fait chuter la natalité presque partout en Occident

Selon les chercheurs, ces résultats étaient prévisibles compte tenu des sondages montrant que 73% des couples ayant le projet de fonder une famille au début de la pandémie ont abandonné ou reporté leurs plans, notamment en Allemagne, en France, en Espagne et au Royaume-Uni.
Photo: David McNew Getty Images via Agence France-Presse Selon les chercheurs, ces résultats étaient prévisibles compte tenu des sondages montrant que 73% des couples ayant le projet de fonder une famille au début de la pandémie ont abandonné ou reporté leurs plans, notamment en Allemagne, en France, en Espagne et au Royaume-Uni.

Comme au Québec, la première vague de COVID-19 a fait chuter le taux de natalité aux États-Unis et dans plusieurs pays occidentaux, confirme une nouvelle étude internationale. Mais plusieurs pays nordiques ont résisté à ce déclin grâce à des politiques favorables aux familles.

C’est du moins qu’observe une étude publiée lundi dans Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS), qui chiffre à 15 % le recul du taux de natalité aux États-Unis entre novembre 2020 et mars 2021, une baisse aussi importante que celle observée lors de la pandémie de grippe espagnole de 1918 (13 %).

Ailleurs en Occident, c’est dans le sud du Vieux Continent que le repli des berceaux a été le plus marquant, avec des ressacs « significatifs » déplorés dans 13 pays sur 22. Ces pays comptent pour 37 % des cas de COVID-19 recensés dans le monde jusqu’à maintenant.

Selon les chercheurs, ces résultats étaient prévisibles compte tenu des sondages en Allemagne, en France, en Espagne et au Royaume-Uni démontrant que 73 % des couples ayant le projet de fonder une famille au début de la pandémie ont abandonné ou remis leurs plans à plus tard.

Dans les 13 pays les plus touchés, la baisse des naissances a dépassé 5 % en novembre 2020, pour atteindre 9 % en moyenne en janvier 2021, toujours comparativement à l’année précédente. Mais l’impact de la pandémie sur le projet de fonder une famille a été beaucoup plus important en Hongrie (8,5 %), en Italie (9 %), en Espagne (9 %), au Portugal (6,6 %), en Belgique, et en Autriche.

Des chiffres diffusés par l’Office national de la statistique de l’Espagne établissent même à 20 % la dégringolade encaissée en décembre 2020 et janvier 2021 — la plus imposante depuis 1941 — par rapport aux années précédentes.

Ces données, pensent les auteurs, auront des répercussions directes sur l’économie et les dynamiques sociales de ces pays, dont sur le développement et le financement des programmes liés à la garde des enfants, au logement et au marché du travail.

En France et en Espagne, toutefois, on a noté un faible rebond des naissances en mars 2021, neuf mois après le printemps 2020, coïncidant avec la fin du premier confinement dans ces pays. Il faudra continuer à suivre la tendance de près au cours des prochains mois pour savoir si l’impact de la pandémie sur l’emploi et le reste de l’économie aura des effets prolongés sur le désir des couples d’avoir des enfants.

Des exceptions

 

Mais certains pays de l’Europe du Nord semblent jusqu’ici échapper à cette tendance à la dénatalité, notamment le Danemark, la Finlande, la Suède, les Pays Bas, l’Allemagne et la Suisse, note l’étude.

Leurs taux de natalité pourraient avoir été peu affectés en raison du plus faible nombre de victimes observées dans ces pays, et des contrecoups moindres subis par leurs économies.

 

Selon les auteurs, cette résilience nordique s’explique probablement aussi par la présence de plusieurs politiques nationales favorables aux familles et d’aides au chômage. Chose certaine, ce nouveau coup dur porté au taux de natalité des pays du sud de l’Europe, notamment ceux du pourtour de la Méditerranée (Grèce, Italie, Espagne), continuera d’accroître l’écart de natalité qui se creusait déjà.

Au Québec

 

Au Québec, l’effet de la pandémie sur les naissances a été très marqué en 2020, avec un seuil d’à peine 81 850 naissances atteint, soit le plus faible nombre depuis le début des années 2010. Surtout en raison de la baisse de femmes nouvellement arrivées (immigrantes et réfugiées), qui contribuent pour beaucoup dans le nombre annuel des naissances, a confirmé mercredi Frédéric Fleury-Payeur, démographe à l’Institut de la statistique du Québec.

Toutefois des chiffres diffusés mercredi indiquent une hausse de 8 % des bébés nés en juin, et de 3 % en mai (par rapport à la moyenne attendue en fonction des dernières années). S’agit-il d’un rebond ? Un net recul avait marqué les mois de janvier, février et avril par rapport à 2020. « Pour l’instant, il est difficile de dire s’il s’agit d’un rattrapage, avance le démographe. Il y a quelque chose qui se dessine, mais il est encore trop tôt pour dire si c’est une tendance ou d’un effet ponctuel. Il faudra attendre les prochains mois pour voir si cette tendance est bel et bien réelle. »


Une version précédente de ce texte, qui plaçait la Slovénie dans la liste des pays les moins touchés par une baisse de la natalité, a été corrigée.

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