Déclaré coupable d’agression sexuelle, Michel Venne porte son verdict en appel

L’ancien directeur de l’Institut du Nouveau Monde (INM) et ex-journaliste du Devoir Michel Venne veut faire annuler son verdict de culpabilité pour agression et exploitation sexuelles. L’homme de 60 ans a été reconnu coupable il y a un mois au palais de justice de Québec et attendait de connaître sa peine.
Le procès a été largement médiatisé et la plaignante, Léa Clermont-Dion, a demandé que l’ordonnance de non-publication sur son identité soit levée à l’issue du processus judiciaire. Cette ordonnance était requise puisqu’à 17 ans, elle était mineure au moment des faits.
L’avocate de Michel Venne, Me Lida Sara Nouraie, estime que le juge Stéphane Poulin a évalué le témoignage de son client selon des normes plus strictes que celles imposées au témoignage de sa victime.
La défense avait affirmé lors du procès que l’une des deux agressions reprochées à M. Venne constituait un malentendu, puisqu’il aurait maladroitement touché l’épaule de la jeune femme. Or, le juge n’a pas cru au caractère accidentel du geste, plutôt décrit comme une étreinte par Mme Clermont-Dion.
M. Venne avait été arrêté en juin 2018, puis avait plaidé non coupable aux accusations d’agression et d’exploitation sexuelles après que Mme Clermont-Dion eut porté plainte contre lui pour des gestes commis 10 ans plus tôt en marge de l’école d’été de l’INM. Les deux agressions étaient respectivement survenues un soir dans un taxi, ainsi qu’un soir devant l’endroit où elle était hébergée au centre-ville de Québec.
Lise Payette était intervenue auprès de la jeune femme en 2017 et lui avait fait signer une lettre lavant l’accusé de tout soupçon. Dans son témoignage, M. Venne a raconté avoir demandé conseil à Mme Payette, alors que des rumeurs sur l’agression compromettaient sa nomination à un poste de direction au Devoir. Il a toutefois nié avoir discuté d’une lettre avec elle.
Selon l’avocate de M. Venne, le juge a erré en considérant que les démarches de Lise Payette ont affecté la crédibilité de son client. Elle souligne également qu’il aurait dû prendre en considération la lettre de rétractation signée par Mme Clermont-Dion comme élément de preuve pouvant soulever un doute raisonnable.
Me Nouraie estime aussi que le juge aurait dû tenir compte des propos de Lise Payette lors d’une conversation téléphonique enregistrée par Mme Clermont-Dion. Cette dernière a reconnu lors de son témoignage avoir modifié cet enregistrement qu’elle avait par la suite remis aux policiers.