Benoit Cardinal ne témoignera pas à son procès

Benoit Cardinal ne témoignera pas à son procès pour le meurtre prémédité de sa conjointe. Ses avocats ont annoncé mercredi, au palais de justice de Joliette, qu’ils ne présenteront pas de défense.
À l’ouverture du procès, le 25 mars, la juge St-Gelais avait expliqué au jury que l’accusé « n’a pas à prouver qu’il est innocent » et « qu’il n’est pas tenu à témoigner ». « C’est la Couronne qui a le fardeau de démontrer sa culpabilité », avait-elle dit.
La présentation de la preuve s’est donc terminée mercredi. Le dernier témoin de la Couronne a indiqué au jury que Benoit Cardinal était l’unique bénéficiaire d’une police d’assurance vie d’un million de dollars à laquelle Jaël Cantin avait souscrit deux ans avant sa mort, survenue le 16 janvier 2020 à Mascouche.
Frédérick Scheidler, un ami de la famille et un conseiller en sécurité financière, a mentionné que la défunte avait adhéré à cette police le 15 février 2018, « étant donné sa famille nombreuse ». Celui-ci avait accompagné Jaël Cantin, mère de six enfants, dans ses démarches auprès de la Sunlife.
Au cours du procès, le jury a été informé à quelques reprises des difficultés financières du couple.
M. Scheidler a également indiqué avoir vu Benoit Cardinal pour la dernière fois le 11 janvier 2020. « Je ne l’avais jamais vu comme ça », a-t-il dit. L’homme de 34 ans était inquiet et déprimé, a-t-il indiqué. « Il m’a expliqué les ennuis qu’il vivait au travail. »
Le 26 décembre 2019, Benoit Cardinal avait été suspendu de son poste d’éducateur spécialisé au Centre jeunesse de Laval. Les raisons ayant mené à cette suspension, et plus tard à sa démission, n’ont pas été exposées au jury.
Désespoir
Deux anciens collègues de travail et amis de Benoit Cardinal ont également fait part mercredi du désespoir qui habitait l’accusé à la suite de cette suspension. Leur identité est protégée par une ordonnance du tribunal.
« Je pensais qu’il allait mettre fin à ses jours », a indiqué une de ces personnes. Celle-ci avait rencontré l’accusé dans la soirée ayant suivi sa suspension. « C’était comme si un train venait de lui passer dessus […] Il avait l’air défait. »
Le 10 janvier 2020, l’accusé lui a dit : « Soit je vais à l’hôpital, soit c’est no way back. » Le témoin a alors demandé à Benoit Cardinal s’il recevait du soutien à la maison. Celui-ci lui a répondu : « Jaël est accusatrice, elle est stressée et elle est en tabarnak. »
Devant la juge Johanne St-Gelais de la Cour supérieure, l’autre collègue de travail a aussi décrit l’état de panique dans lequel l’accusé a sombré après sa suspension. Ce témoin a mentionné que Benoit Cardinal lui a dit, le soir du 26 décembre 2019 : « Ça va mal finir, je suis au bout du rouleau. »
Les plaidoiries finales se dérouleront dans les prochains jours. Le jury aura par la suite le sort de l’accusé entre ses mains.