
La Couronne s’attaque à la crédibilité d’Éric Salvail

C’est pour s’assurer que le juge Alexandre Dalmau « n’ait pas une image erronée » de la personnalité de l’ex-animateur Éric Salvail — et pour « miner sa crédibilité » — que la Couronne souhaite faire entendre trois témoins de plus en contre-preuve, a fait valoir lundi la procureure Amélie Rivard.
Mme Rivard a soutenu que, dans la première partie du procès de M. Salvail, en février, il « a réfuté les accusations en suggérant qu’il n’était pas le type de personne à commettre ces infractions, parce qu’il est de bonne réputation, de bon caractère ».
C’est autour de cet enjeu que les deux parties se sont retrouvées en cour lundi : Éric Salvail a-t-il mis sa personnalité en jeu dans sa défense ? S’est-il servi de ce que serait sa moralité personnelle pour affirmer qu’il n’a pas commis les gestes qui lui sont reprochés ?
Si oui, la Couronne estime qu’elle doit faire entendre de nouveaux témoins — non pas pour introduire de nouveaux éléments de preuve, mais bien pour « contrer l’image que M. Salvail a pu laisser au tribunal ».
Éric Salvail fait face à trois chefs d’accusation : harcèlement, agression sexuelle et séquestration, et cela, pour des faits qui se seraient produits entre avril et octobre 1993.
Le juge Dalmau a lui-même fait remarquer que le témoignage d’Éric Salvail semblait viser à ce que le juge « tire l’inférence que ce n’est pas possible [qu’il ait commis les gestes reprochés], parce qu’il n’est pas comme ça ».
La Couronne a noté qu’elle « n’est pas autorisée à présenter une preuve de conduite indigne de l’accusé »… à moins que l’accusé ne mette lui-même « en jeu sa bonne réputation afin de sous-entendre qu’il n’a pas pu commettre l’infraction ». On estime que c’est ici le cas.
La contre-preuve est constituée de trois témoins qui « se sont manifestés » et qui « ne sont pas plaignants », a souligné Amélie Rivard. Les témoignages résumés dans la requête font état de différents incidents — commentaires à connotation sexuelle, gestes déplacés, agressions sexuelles — qui se seraient déroulés à partir de la fin des années 1990.
Non recevable
L’avocat de M. Salvail, Michel Massicotte, a pour sa part tenté de faire valoir que M. Salvail n’a jamais tenté de présenter une défense de bonne réputation, mais que celle-ci était plutôt basée sur un alibi voulant qu’il ne pouvait être présent lors des incidents décrits par le plaignant.
Dans son témoignage, en février, M. Salvail a nié en bloc les différentes allégations de la victime présumée, Donald Duguay. M. Salvail avait toutefois reconnu qu’il était le type de personne à faire des commentaires à caractère sexuel, mais toujours dans un contexte humoristique.
M. Massicotte a aussi affirmé que les trois témoins relatent des événements qui n’ont rien à voir avec ce qui est au cœur du procès. « Je trouve personnellement que M. Salvail est traité injustement », a-t-il dit. « Si [on accepte ces témoignages], on va faire le procès de la moralité d’Éric Salvail sur une période de dix ans. »
Le juge a pris la question en délibéré jusqu’au 4 septembre.