Québec solidaire veut «démocratiser» l’accès à la nature

La réserve faunique Mastigouche
Photo: Steve Deschênes © SEPAQ La réserve faunique Mastigouche

Constatant qu’il y a une inégalité d’accès aux grands espaces verts de la province, Québec solidaire veut s’inspirer des pays scandinaves et s’engage à instaurer un « droit à la nature », en rendant gratuits les parcs nationaux et en implantant de nouveaux circuits de transports collectifs pour s’y rendre à partir des communautés plus défavorisées.

« Le constat qu’on pose, c’est que ce n’est pas tout le monde qui a un accès égal à la nature, souligne en entrevue avec Le Devoir le chef parlementaire et porte-parole, Gabriel Nadeau-Dubois. Il y a un déficit dont on parle moins au Québec, et c’est le déficit nature. »

Le parti politique de gauche annoncera de nouveaux engagements lundi en Abitibi-Témiscamingue, qui consistent en un plan en trois volets totalisant 100 millions de dollars par année. « Nous avons un très beau territoire, mais il y a trop de gens au Québec qui ne peuvent pas en profiter parce qu’ils habitent en milieu urbain, parce qu’ils ont de la difficulté à se déplacer ou parce que l’équipement est trop cher », constate Gabriel Nadeau-Dubois. « Il y a des gens qui passent toute leur vie sans être en contact avec la nature québécoise », ajoute-t-il.

Environ 80 % de la population du Québec vivant en zone urbaine, un gouvernement solidaire implanterait des circuits de transport collectif, notamment à proximité de Parc-Extension ou de Montréal-Nord, des quartiers particulièrement défavorisés, vers les parcs nationaux. « Par exemple, à partir du terminus Montmorency, à Laval, on devrait pouvoir se rendre à prix modique au parc du Mont-Tremblant. À partir de la station Longueuil–Université-de-Sherbrooke, on devrait pouvoir se rendre au parc du Mont-Orford », explique le porte-parole. L’implantation de cette mesure est chiffrée à 2 millions de dollars.

Québec solidaire s’engage de plus à rendre gratuits l’entrée aux parcs nationaux et aux réserves fauniques, mais aussi les campings sans services et l’accès aux plans d’eau pour les embarcations non motorisées. « Les plans d’eau sont publics au Québec, ça ne devrait pas coûter de l’argent pour en profiter », affirme Gabriel Nadeau-Dubois. Le parti politique chiffre cette mesure à 70 millions de dollars, pour compenser les pertes de revenus de la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ).

« Cette idée de droit à la nature existe ailleurs dans le monde, c’est officiellement reconnu dans la plupart des pays scandinaves, et on s’en inspire », lance-t-il, en ajoutant que certains pays vont plus loin que leur propre plan.

Mais c’est une chose de rendre les espaces verts plus accessibles, et une autre de convaincre des populations peu habituées à fréquenter la nature de s’y rendre. « Le défi est énorme, admet Gabriel Nadeau-Dubois. Il y a déjà des organismes communautaires qui travaillent à combler ce fossé-là et à donner accès à la nature québécoise aux jeunes des quartiers défavorisés ». « Il va falloir miser sur l’éducation et le travail du milieu communautaire », dit-il.

Équipement gratuit

 

La formation politique s’engage également à ce que les Québécois puissent emprunter gratuitement de l’équipement de plein air, comme du matériel de camping, des raquettes ou des skis, dans les 800 bibliothèques publiques de la province. « Ce sont des institutions de proximité que les gens connaissent. Et dans un contexte où de plus en plus de gens se tournent vers le numérique, il faut garder ces endroits pertinents », estime Gabriel Nadeau-Dubois.

On s’engage à atteindre l’objectif de 30 % d’aires protégées au Québec en 2030 et à ajouter 1,5 % de nouvelles aires protégées chaque année

 

Ainsi, 4,5 millions de dollars financeraient l’achat de matériel, et le porte-parole ajoute que « nous, on fait confiance aux gens » pour garder l’équipement en bon état. « L’expérience des bibliothèques nous montre que c’est possible de le faire et que les gens sont capables de se responsabiliser. On voit aussi de plus en plus des initiatives similaires », pense-t-il.

Vingt millions de dollars seraient finalement investis par un gouvernement solidaire pour étendre le réseau de la SEPAQ. « On s’engage à atteindre l’objectif de 30 % d’aires protégées au Québec en 2030 et à ajouter 1,5 % de nouvelles aires protégées chaque année », dit Gabriel Nadeau-Dubois.

Selon une mise à jour du Registre des aires protégées datant du 31 décembre 2021, 16,70 % du milieu continental est actuellement protégé. « En ce moment il y a un blocage politique », estime le porte-parole. Il pense qu’il faut scinder le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs du Québec, parce qu’il « bloque systématiquement la création d’aires protégées » à cause de « l’influence exagérée de l’industrie forestière ».

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