Les conservateurs veulent plus de médecins

La contribution de l’entreprise privée devrait être au cœur de la réforme du système de santé à effectuer, selon le Parti conservateur du Québec.
Francis Vachon Le Devoir La contribution de l’entreprise privée devrait être au cœur de la réforme du système de santé à effectuer, selon le Parti conservateur du Québec.

Le Parti conservateur du Québec (PCQ) fourbit ses arguments pour convaincre les électeurs de la nécessité d’une plus grande ouverture au privé dans le santé. Mais pour fonctionner, son plan de «libéralisation» va nécessiter l’embauche de plus de médecins.

Le PCQ souhaite recruter entre 2000 et 3000 médecins de plus «au cours des prochaines années». Dès lors, on n’aurait pas à craindre que le développement de la médecine privée dépouille le réseau public de ses ressources, a soutenu le Dr Karim Elayoubi, porte-parole du parti en santé, lors d’un colloque du parti, samedi après-midi.

«C’est clair qu’à partir du moment où on augmente les effectifs absolus, il va y avoir de la place pour les deux », a dit le médecin dans sa présentation.

L’évènement avait lieu dans une salle du Centre de Glaces à Québec. Une cinquantaine de personnes - presque toutes sans masque - y prenaient part et près de 200 autres en virtuel, selon les organisateurs.

Pour accroître le nombre de médecins, le PCQ recommande que le gouvernement lève les quotas d’admission dans les facultés de médecine et qu’il recrute davantage de médecins étrangers.

Le Dr. Karim Elayoubi, qui est lui-même omnipraticien dans une urgence, reprend en outre à son compte la revendication de la Fédération des omnipraticiens du Québec (FMOQ) à l’effet qu’il manque actuellement 1000 médecins de famille au Québec.

Son plan ne prévoit toutefois pas toucher à la rémunération des médecins ou au paiement à l’acte. Et ce en dépit du fait que, dans les modèles suédois et britannique auxquels se réfère son parti, les médecins sont rémunérés à salaire.

Il est «illusoire» de penser qu’un changement du mode de rémunération va améliorer l’ensemble de la structure», a déclaré M. Elayoub dans un bref entretien avec Le Devoir en marge de l’évènement. «Ce qui fait en sorte que [les systèmes] de ces pays européens fonctionnent bien, c’est beaucoup leur structure».

«On a besoin de faire ce débat là une bonne fois pour tout. De [ne] pas avoir de complexe à présenter nos idées», a déclaré par vidéo-conférence le chef du parti, Éric Duhaime qui n’était pas sur place.

Hôpitaux privés

 

Pour améliorer l’efficacité du système de santé, les conservateurs veulent permettre l’ouverture d’hôpitaux privés. Ces hôpitaux, plaident-ils, créeraient une nouvelle «concurrence» avec le réseau public, ce qui améliorerait l’offre globale de services.

Une formule possible à implanter, tout en maintenant des soins de santé universels pour tous, font-ils valoir.

Le PCQ souhaite aussi permettre aux Québécois de souscrire à une assurance privée en santé, tout en conservant l’assurance-maladie publique. Dans leur modèle, les médecins auraient en outre la possibilité de travailler à la fois dans le public et dans le privé. Le parti ne veut pas «privatiser» mais «libéraliser» les services de santé, a expliqué le Dr. Elayoubi.

Plusieurs intervenants ont d’ailleurs insisté sur l’importance du choix des mots lors de ce colloque. À l’approche de la campagne électorale, le parti dirigé par Éric Duhaime voulait préparer ses membres et candidats à rétorquer aux objections les plus courantes sur l’ouverture du privé en santé.

«Nos candidats vont avoir besoin d’argumentaires pour expliquer nos propositions», avait lancé en guise d’introduction le président de la Commission politique du parti, André Valliquette.

Des économistes de l’Institut économique de Montréal (IEDQ) et du Conseil du Patronat du Québec ont fait l’une après l’autre, des présentations en début d’après-midi.

Lors d’un panel en fin de journée, le président de l’IEDQ, Michel Kelly-Gagnon a soumis à l’assistance des arguments pour convaincre les sceptiques. «Je vais vous donner des arguments rhétoriques. Ça fait 25 ans que je suis dans le débat, les objections sont toujours les mêmes, toujours aussi superficielles et viscérales. Il fait quand même y répondre.»

Un peu plus tôt, l’analyste politique et militante du parti Joanne Marcotte a fait l’inventaire des failles du plan du ministre de la Santé Christian Dubé. «Le Plan Dubé n’est pas un plan. Il a été écrit par et pour des fonctionnaires. Rappelons nous qu’il y a 60 % de plus de sous-ministres [au ministère de la Santé] depuis que le gouvernement Legault a été élu. Donc il faut faire travailler ce monde-là !», a-t-elle raillé.

Mme Marcotte a toutefois recommandé que son parti reprenne certaines idées du Plan Dubé, dont le nouveau guichet d’accès à un médecin de famille, la décentralisation et l’octroi de plus de responsabilités aux infirmières praticiennes spécialisées.

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