«Il est pas mort, lui?» lance François Legault à Pierre Arcand au Salon bleu

Le premier ministre François Legault a dû retirer des propos tenus au Salon bleu mercredi, après s’être dit surpris, à haute voix, de constater que son collègue libéral Pierre Arcand est bel et bien vivant.

« Il est pas mort, lui ? » a lâché M. Legault, hors micro, en pleine période des questions. Pierre Arcand, 70 ans, était en train d’interroger le gouvernement sur ses dépenses en publicité.

Les propos du premier ministre ont fait sortir de ses gonds le leader parlementaire libéral, André Fortin. « Des propos comme ça, ça ne se tient pas dans cette Assemblée-là à propos des collègues. Je vous demande de retirer ça tout de suite », a-t-il lancé. M. Legault a ensuite accepté de retirer ses propos.

« Pierre Arcand est un ami. C’était une mauvaise blague. Je me suis excusé », a plus tard écrit le chef du gouvernement sur Twitter.

M. Legault a ensuite tenté d’expliquer sa « blague » aux journalistes. « M. Arcand et moi, on se connaît. On se voit chez lui, chez moi. Je l’apprécie beaucoup et je trouve que Dominique Anglade ne l’utilise pas assez, ne lui donne pas assez de questions à poser. C’est assez spécial ce matin ; quand j’ai vu qu’il se levait enfin, je me suis dit : “Enfin, il est pas mort, on l’utilise enfin.” Donc, c’était positif à l’égard de Pierre. »

M. Arcand a quant à lui nié être l’ami de François Legault. « Je le connais depuis longtemps. Est-ce que c’est un ami avec lequel on se voit régulièrement ? Non », a-t-il dit aux journalistes. Il a plutôt qualifié le premier ministre de « connaissance politique » avec qui il avait, jusqu’ici, des échanges cordiaux.

« Disons qu’il y a pas mal moins d’amitié qu’il y en avait auparavant. Disons qu’on s’est respectés. On a travaillé ensemble, particulièrement pendant les deux, trois premiers mois de la COVID, où on a eu des échanges presque quotidiens sur ces questions-là », a-t-il aussi affirmé, en faisant référence à la période où il était chef intérimaire du Parti libéral.

« Pas digne d’un premier ministre »

M. Arcand s’est dit « ébranlé fortement » par les propos de son confrère. « Aujourd’hui, il n’était pas digne d’être premier ministre », a-t-il dit au sujet de François Legault.

« C’est une mauvaise blague, si ça en est une », a-t-il aussi souligné. Il a évoqué un « cheap shot » et a mentionné que « dans certaines sociétés, on respecte les personnes plus âgées ». M. Arcand a souligné au passage qu’il est « en pleine forme ».

À ses côtés, la cheffe libérale, Dominique Anglade, s’est dite « troublée » par les propos du premier ministre. « C’est une question de respect. On met des heures et des heures de travail. On peut ne pas s’entendre sur des idées, mais le respect ? On dirait que l’arrogance du premier ministre n’a aucune limite », s’est-elle désolée.

Un conseiller spécial du premier ministre, Stéphane Gobeil, a ensuite raillé sur Twitter les commentaires de Mme Anglade. « Le [premier ministre] a fait une joke plate. Il s’est immédiatement excusé auprès de Pierre Arcand, qu’il a qualifié d’ami. Pas de quoi monter sur ses grands chevaux. Ça sonne faux. »

Pas une première

Ce n’est pas la première fois que les propos de François Legault au Salon bleu — au micro ou hors micro — soulèvent la controverse.

À la mi-mars, il a lâché un « mère Teresa » après une question de la députée solidaire Christine Labrie au sujet du manque de places en garderie. Les oppositions avaient ensuite dénoncé le mépris du premier ministre, particulièrement envers les femmes.

En septembre, les échanges visant à honorer la mémoire de Joyce Echaquan ont tourné à l’affrontement au Salon bleu. M. Legault avait notamment reproché au député solidaire Gabriel Nadeau-Dubois de « s’obstiner à diviser les Québécois » et d’être « radical » lorsqu’il rabroue le choix du gouvernement de nier l’existence du racisme systémique.

Durant la même période, le premier ministre avait déclaré qu’un jour férié pour commémorer les victimes des pensionnats pour Autochtones nuirait à la productivité du Québec. M. Legault avait ensuite reconnu avoir manqué de compassion.

En juin 2020, le premier ministre était aussi tombé à bras raccourcis sur le député péquiste Pascal Bérubé, l’accusant de « tuer le tourisme » dans l’est du Québec. M. Bérubé était alors sorti du Salon bleu en dénonçant le caractère « minable » de ce commentaire.

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