Véronique Hivon quittera la politique à l’automne

La députée péquiste de Joliette met ainsi un terme à 14 ans de politique active.
Photo: Valérian Mazataud Archives Le Devoir La députée péquiste de Joliette met ainsi un terme à 14 ans de politique active.

La députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, a annoncé jeudi qu’elle quittera la vie politique à la fin de son mandat actuel. L’élue ne sera pas candidate aux élections d’octobre 2022, mettant ainsi un terme à 14 ans de politique active.

Après Sylvain Gaudreault et Lorraine Richard, elle devient la troisième des sept membres du caucus péquiste à annoncer son départ.

« Après une longue et profonde réflexion, j’ai pris la difficile décision de ne pas solliciter un cinquième mandat l’automne prochain. Je fais ce choix à un moment où ma flamme et ma combativité sont toujours bien présentes, mais où elles sont accompagnées d’un besoin devenu irrépressible de trouver un espace de liberté et de normalité », a-t-elle déclaré devant des militants réunis à Joliette.

Elle a dit avoir l’intention de s’impliquer dans la campagne électorale, mais ne pas avoir de plan à court terme, sa décision étant plutôt un « saut dans le vide ».

La carrière politique de Mme Hivon, une députée reconnue pour travailler au-delà des lignes partisanes, a été saluée par des élus de toutes allégeances. Le premier ministre, François Legault, l’a remerciée pour son service public : « C’est une femme brillante et passionnée », a-t-il écrit sur Twitter.

« Véronique Hivon, c’est une grande dame. Une femme de cœur, qui est déterminée, qui a épousé toute sa carrière des causes sociales », a aussi souligné la cheffe libérale Dominique Anglade. « Je lui ferais un câlin présentement à Véronique pour la remercier pour sa contribution à la vie politique. »

Le PQ en mauvaise posture dans les sondages

 

L’annonce survient le jour même de la publication d’un sondage Léger-Le Journal de Québec qui place le Parti québécois en cinquième position dans les intentions de vote, avec la faveur de 9 % des électeurs. « Pour ceux et celles qui tenteraient d’extrapoler un lien entre ma décision et notre position dans les sondages, entre ma décision et le résultat dans Marie-Victorin [où le Parti québécois a terminé deuxième dans une partielle], sachez qu’il n’y en a pas », a assuré Mme Hivon.

Elle a dit avoir fait part de sa décision au chef de son parti, Paul Saint-Pierre Plamondon, il y a « plusieurs semaines ». Sur les réseaux sociaux, celui-ci a d’ailleurs remercié « du fond du cœur » sa collègue. « Dans une ère politique où la polarisation, la haine et le cynisme occupent une place grandissante, ton passage en politique aura été une source d’espoir », a écrit le chef du PQ.

En point de presse, Mme Hivon a dit juger que le Parti québécois avait « tous les outils » — à commencer par le projet d’indépendance du Québec — pour réussir. « Mais on a un défi de connecter [ce projet] aux défis et aux enjeux de la vie quotidienne des gens », a-t-elle reconnu, en parlant aussi de l’importance de « percer le mur de l’indifférence ».

En entrevue au Devoir, elle est revenue sur la tentative avortée de son parti d’opérer une fusion avec Québec solidaire en 2017. « Je pense qu’il y avait une opportunité formidable pour quiconque croit vraiment au projet d’indépendance de s’élever au-dessus des fractures partisanes pour un idéal plus grand et un projet plus grand. Donc c’est sûr que oui, il y a eu une déception », a-t-elle convenu.

Des démarches transpartisanes remarquées

 

Véronique Hivon a été ministre déléguée aux Services sociaux, à la Santé publique et à la Protection de la jeunesse entre 2012 et 2014, dans le gouvernement de Pauline Marois.

La députée s’est notamment fait remarquer pour le rôle central qu’elle a joué, à partir de 2009, dans les débats entourant la question du droit à mourir dans la dignité. Elle a déposé en 2013 le projet de Loi concernant les soins de fin de vie. Cette loi a finalement été adoptée en 2014, sous un gouvernement libéral, au terme d’un rare cheminement « transpartisan » à l’Assemblée nationale.

C’est avec ce mandat qu’elle a inscrit sa marque en politique : celle d’une élue capable de travailler avec des députés d’autres partis pour faire avancer un dossier. « C’était casse-gueule, les gens me disaient : “Tu es complètement folle !” », a-t-elle rappelé au Devoir au sujet de la posture transpartisane qu’elle avait prise à l’époque. Elle a reconnu avoir « un peu créé » cette approche, malgré les nombreuses réticences « de tous les partis », y compris le sien.

En 2020, Mme Hivon a participé au comité — transpartisan lui aussi — qui a mené au dépôt du rapport Rebâtir la confiance sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Elle a rappelé avoir parlé de tribunaux spécialisés en violences sexuelle et conjugale dès 2018 ; ceux-ci ont finalement vu le jour au début de l’année 2022.

Devant les médias jeudi, la députée s’est dite fière de sa contribution au débat ayant mené à l’abolition du délai de prescription au civil dans les cas d’agressions sexuelles. Elle a aussi souligné sa « bataille pour la sécurisation culturelle des Autochtones » en santé. La mort de Joyce Echaquan sous les insultes racistes du personnel soignant de l’hôpital de Joliette, en 2020, est survenue dans sa circonscription. « Ça m’a marquée énormément », a-t-elle dit à propos de cet événement.

À quelques reprises, l’élue a rappelé qu’il était « possible » de « faire bouger et évoluer » la politique. « Moi, l’opposition, j’y ai trouvé mon compte », a dit celle qui y aura passé 12 de ses 14 années en politique active. « J’ai aimé chaque minute de cette vie politique trépidante parce que oui, quand on s’investit et qu’on reste fidèle a nous-mêmes, on est capables de changer les choses de l’intérieur », a-t-elle insisté. « La politique, ça fonctionne, c’est un moteur extraordinaire de changement. »

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