Véronique Hivon quittera la politique à l’automne

La députée péquiste de Joliette, Véronique Hivon, a annoncé jeudi qu’elle quittera la vie politique à la fin de son mandat actuel. L’élue ne sera pas candidate aux élections d’octobre 2022, mettant ainsi un terme à 14 ans de politique active.
Après Sylvain Gaudreault et Lorraine Richard, elle devient la troisième des sept membres du caucus péquiste à annoncer son départ.
« Après une longue et profonde réflexion, j’ai pris la difficile décision de ne pas solliciter un cinquième mandat l’automne prochain. Je fais ce choix à un moment où ma flamme et ma combativité sont toujours bien présentes, mais où elles sont accompagnées d’un besoin devenu irrépressible de trouver un espace de liberté et de normalité », a-t-elle déclaré devant des militants réunis à Joliette.
Elle a dit avoir l’intention de s’impliquer dans la campagne électorale, mais ne pas avoir de plan à court terme, sa décision étant plutôt un « saut dans le vide ».
La carrière politique de Mme Hivon, une députée reconnue pour travailler au-delà des lignes partisanes, a été saluée par des élus de toutes allégeances. Le premier ministre, François Legault, l’a remerciée pour son service public : « C’est une femme brillante et passionnée », a-t-il écrit sur Twitter.
J’ai eu l’opportunité de travailler avec @vhivon . C’est une femme brillante et passionnée.
— François Legault (@francoislegault) April 21, 2022
Merci Véronique pour ta contribution au service public et bonne chance pour la suite! https://t.co/UsSdhSOscr
« Véronique Hivon, c’est une grande dame. Une femme de cœur, qui est déterminée, qui a épousé toute sa carrière des causes sociales », a aussi souligné la cheffe libérale Dominique Anglade. « Je lui ferais un câlin présentement à Véronique pour la remercier pour sa contribution à la vie politique. »
Le PQ en mauvaise posture dans les sondages
L’annonce survient le jour même de la publication d’un sondage Léger-Le Journal de Québec qui place le Parti québécois en cinquième position dans les intentions de vote, avec la faveur de 9 % des électeurs. « Pour ceux et celles qui tenteraient d’extrapoler un lien entre ma décision et notre position dans les sondages, entre ma décision et le résultat dans Marie-Victorin [où le Parti québécois a terminé deuxième dans une partielle], sachez qu’il n’y en a pas », a assuré Mme Hivon.
Elle a dit avoir fait part de sa décision au chef de son parti, Paul Saint-Pierre Plamondon, il y a « plusieurs semaines ». Sur les réseaux sociaux, celui-ci a d’ailleurs remercié « du fond du cœur » sa collègue. « Dans une ère politique où la polarisation, la haine et le cynisme occupent une place grandissante, ton passage en politique aura été une source d’espoir », a écrit le chef du PQ.
En point de presse, Mme Hivon a dit juger que le Parti québécois avait « tous les outils » — à commencer par le projet d’indépendance du Québec — pour réussir. « Mais on a un défi de connecter [ce projet] aux défis et aux enjeux de la vie quotidienne des gens », a-t-elle reconnu, en parlant aussi de l’importance de « percer le mur de l’indifférence ».
En entrevue au Devoir, elle est revenue sur la tentative avortée de son parti d’opérer une fusion avec Québec solidaire en 2017. « Je pense qu’il y avait une opportunité formidable pour quiconque croit vraiment au projet d’indépendance de s’élever au-dessus des fractures partisanes pour un idéal plus grand et un projet plus grand. Donc c’est sûr que oui, il y a eu une déception », a-t-elle convenu.
Des démarches transpartisanes remarquées
Véronique Hivon a été ministre déléguée aux Services sociaux, à la Santé publique et à la Protection de la jeunesse entre 2012 et 2014, dans le gouvernement de Pauline Marois.
La députée s’est notamment fait remarquer pour le rôle central qu’elle a joué, à partir de 2009, dans les débats entourant la question du droit à mourir dans la dignité. Elle a déposé en 2013 le projet de Loi concernant les soins de fin de vie. Cette loi a finalement été adoptée en 2014, sous un gouvernement libéral, au terme d’un rare cheminement « transpartisan » à l’Assemblée nationale.
C’est avec ce mandat qu’elle a inscrit sa marque en politique : celle d’une élue capable de travailler avec des députés d’autres partis pour faire avancer un dossier. « C’était casse-gueule, les gens me disaient : “Tu es complètement folle !” », a-t-elle rappelé au Devoir au sujet de la posture transpartisane qu’elle avait prise à l’époque. Elle a reconnu avoir « un peu créé » cette approche, malgré les nombreuses réticences « de tous les partis », y compris le sien.
En 2020, Mme Hivon a participé au comité — transpartisan lui aussi — qui a mené au dépôt du rapport Rebâtir la confiance sur l’accompagnement des victimes d’agressions sexuelles et de violence conjugale. Elle a rappelé avoir parlé de tribunaux spécialisés en violences sexuelle et conjugale dès 2018 ; ceux-ci ont finalement vu le jour au début de l’année 2022.
Devant les médias jeudi, la députée s’est dite fière de sa contribution au débat ayant mené à l’abolition du délai de prescription au civil dans les cas d’agressions sexuelles. Elle a aussi souligné sa « bataille pour la sécurisation culturelle des Autochtones » en santé. La mort de Joyce Echaquan sous les insultes racistes du personnel soignant de l’hôpital de Joliette, en 2020, est survenue dans sa circonscription. « Ça m’a marquée énormément », a-t-elle dit à propos de cet événement.
À quelques reprises, l’élue a rappelé qu’il était « possible » de « faire bouger et évoluer » la politique. « Moi, l’opposition, j’y ai trouvé mon compte », a dit celle qui y aura passé 12 de ses 14 années en politique active. « J’ai aimé chaque minute de cette vie politique trépidante parce que oui, quand on s’investit et qu’on reste fidèle a nous-mêmes, on est capables de changer les choses de l’intérieur », a-t-elle insisté. « La politique, ça fonctionne, c’est un moteur extraordinaire de changement. »
Chère @vhivon, siéger et travailler avec toi a été un immense honneur, privilège et surtout un grand bonheur.
— Marwah Rizqy (@marwahrizqy) April 21, 2022
Tu es une femme d’exception qui tire les gens vers le haut. J’admire ton intelligence vive et ton calme olympien.
Grosse bise!????
J'ai beaucoup appris de ta façon de faire les choses. Le Québec se souviendra de toi comme une rassembleuse qui n'a pas froid aux yeux.
— Manon Massé (@ManonMasse_Qs) April 21, 2022
Merci pour tout @vhivon
Merci Véronique. ????⚜️ pic.twitter.com/aCg1MOPWLa
— Pascal Bérubé (@PascalBerube) April 21, 2022