«Mon étude [sur le troisième lien], elle est passée date»

Questionné jeudi par les médias sur l’absence de nouvelles études produites sur le projet, le ministre François Bonnardel a cité à trois reprises celle qu’avait réalisée l’ingénieur Bruno Massicotte en 2015.
Photo: Francis Vachon Le Devoir Questionné jeudi par les médias sur l’absence de nouvelles études produites sur le projet, le ministre François Bonnardel a cité à trois reprises celle qu’avait réalisée l’ingénieur Bruno Massicotte en 2015.

La principale étude sur laquelle s’appuie le gouvernement Legault pour justifier le projet de tunnel Québec-Lévis est « passée date », estime son auteur, le professeur Bruno Massicotte.

Questionné jeudi par les médias sur l’absence de nouvelles études sur le projet, le ministre François Bonnardel a cité à trois reprises celle qu’avait réalisée l’ingénieur Bruno Massicotte en 2015 pour l’ancien gouvernement libéral, allant même jusqu’à la brandir devant les journalistes.

Or, aux dires du principal intéressé, cette étude est carrément « passée date ». « Mon étude remonte quand même à six ans », affirme le professeur de Polytechnique Montréal. « La CAQ, ça fait quand même quatre ans qu’ils sont au pouvoir. Je suis surpris qu’ils n’arrivent pas avec une étude plus étoffée que ça. »

M. Massicotte a tenu ces propos dans la foulée de la très attendue mise à jour du projet par le gouvernement Legault.

L’étude produite en 2015 et rendue publique en 2016 visait, dit-il, à répondre uniquement à deux questions : si un tunnel était réalisable à l’est de Québec, et combien il pourrait coûter. Or, depuis, « au moins cinq tracés ont été évalués », note le professeur de Polytechnique, et « bien des questions restent sans réponse ».

Des inquiétudes quant au sol de Saint-Roch

 

M. Massicotte se pose notamment bien des questions sur la portion du tunnel qui traverse le quartier Saint-Roch, dont les sols de sable et d’argile sont particulièrement imprévisibles. « Creuser un tunnel dans cette partie-là de la ville, ce n’est pas simple. […] Quand on va construire le tunnel, il ne faut pas que les bâtiments qui sont en haut du tunnel s’effondrent, dit-il. Il faut aussi passer quand même assez loin de la rivière Saint-Charles pour ne pas qu’elle s’y vide. »

Il souligne en outre que le tunnel projeté est « très escarpé ». Depuis les hauteurs de Lévis, il faudra concevoir une pente importante pour descendre à des dizaines de mètres sous le fleuve et ensuite remonter vers la colline Parlementaire.

Malgré tout, l’expert en génie civil estime que la nouvelle mouture du projet, à deux tunnels, est préférable que celle qui avait été présentée auparavant. « C’est un meilleur projet que celui qui avait été proposé l’année dernière, mais il est encore perfectible, et de beaucoup. »

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