Québec mise sur les primes pour stopper la saignée en santé et dans les services sociaux

Parmi les 60 000 membres de l'APTS, on trouve, entre autres, des techniciennes en imagerie médicale, en laboratoire, des psychologues, des physiothérapeutes, des psychoéducatrices, des techniciennes en travail social et des techniciennes en éducation spécialisée.
Photo: iStock Parmi les 60 000 membres de l'APTS, on trouve, entre autres, des techniciennes en imagerie médicale, en laboratoire, des psychologues, des physiothérapeutes, des psychoéducatrices, des techniciennes en travail social et des techniciennes en éducation spécialisée.

La présidente du Conseil du Trésor, Sonia LeBel, compte stopper net l’exode du personnel du réseau de la santé et des services sociaux, à commencer par celui des centres jeunesse, à coups de primes.

L’État québécois s’engage à embaucher 500 intervenantes supplémentaires, en plus de garantir un poste d’au moins 12 jours de travail sur 4 semaines à toutes celles déjà à pied d’œuvre dans les centres de protection de l’enfance et de la jeunesse et les centres de réadaptation pour jeunes en difficulté d’adaptation, peut-on lire dans le dernier bulletin Info Négo de l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS) dont Le Devoir a obtenu copie. L’organisation syndicale y résume à l’intention de ses 60 000 membres l’entente de principe intervenue entre Québec et elle le 22 juin dernier… sans parler d’entente de principe.

Sonia LeBel mise sur deux primes — une permanente et une temporaire — pour arriver à retenir et à attirer des effectifs dans les centres jeunesse. Dans son ultime offre, elle consent une prime permanente de 4 % à toutes les intervenantes en centres jeunesse. De plus, elle accorde, jusqu’au 30 mars 2023, une prime supplémentaire de 3 % à celles chargées d’évaluer la situation et les conditions de vie d’enfants ayant fait l’objet d’un signalement à la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ).

La ministre responsable de l’Administration gouvernementale approuve également le coup d’envoi de trois projets pilotes de co-intervention, ainsi que la mise sur pied d’un comité paritaire national responsable de documenter les conditions de travail des personnes salariées des centres jeunesse.

3,5 millions en primes

Le gouvernement québécois offre aux employés de l’État des augmentations salariales oscillant entre 6,1 % et 7,2 % sur trois ans, auxquelles s’ajoutent, pour les travailleurs de la santé et des services sociaux, des primes de toute sorte.

En effet, il accepte notamment d’élargir la portée de la « prime de soir », d’ajouter une « prime de responsabilité » de 5 % aux techniciennes ou professionnelles qui « supervisent et coordonnent le travail d’au moins quatre personnes salariées » et une prime de 2 % à celles qui supervisent un stagiaire.

Le réseau s’assurera également que tous les techniciens et professionnels de laboratoire, d’imagerie médicale, d’électrophysiologie médicale et du secteur psychosocial puissent obtenir un poste d’au moins 12 jours de travail sur 4 semaines, prévoit l’entente de principe du 22 juin dernier.

Par ailleurs, le Conseil du Trésor met de côté 3,5 millions de dollars afin de « reconnaître le travail des personnes salariées œuvrant dans les laboratoires pendant la pandémie » n’ayant pas obtenu les « primes COVID », qui étaient réservées aux travailleurs de la santé en première ligne, selon le résumé de l’offre gouvernementale fait par l’APTS.

Les psychologues « déçus »

Les psychologues travaillant à temps complet dans le réseau public — 60 % de tous ceux qui y œuvrent — bénéficieront d’une prime de rétention revue à la hausse, de 6,9 % à 9,6 %, a décidé le gouvernement.

« Les psychologues sont très déçus. On ne pense pas que ça va les retenir ou en attirer de nouveaux. On voit un manque de reconnaissance », déplore la présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois, Karine Gauthier. Elle recommande sans détour à ses 1600 membres de rejeter l’offre patronale.

La Coalition préconisait une augmentation du salaire et, par ricochet, de la cotisation au Régime de retraite des employés du gouvernement et des organismes publics (RREGOP) des psychologues.

 

Afin de ne pas être « noyés » parmi 60 000 autres employés de l’État, les psychologues envisagent désormais de se désaffilier de l’APTS, et ce, après les négociations actuelles, mais avant qu’ils « ne disparaissent du réseau public », indique Karine Gauthier.

L’état-major de l’APTS soumettra l’offre du 22 juin à ses membres — des techniciennes en imagerie médicale, en laboratoire, des psychologues, des physiothérapeutes, des psychoéducatrices, des techniciennes en travail social et des techniciennes en éducation spécialisée, entre autres — dans des assemblées générales spéciales à partir de la mi-septembre, ce qui « apparaît loin » aux yeux du gouvernement Legault. D’ici là, l’APTS s’abstiendra de tout moyen de pression, indique-t-on au Devoir.

Le conseil général de l’organisation syndicale se refuse de recommander l’adoption ou le rejet de l’entente du 22 juin dernier. « Cette offre contient des avancées significatives pour vos conditions de travail, mais n’atteint pas entièrement les objectifs que nous nous étions fixés », écrit-il dans l’Info Négo.

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