

La CAQ confrontée au test de la réalité
François Legault dévoilera mercredi le «plan de match» du «gouvernement des Québécois» qu’il dirige.
Tout en lançant un appel à l’audace, le premier ministre François Legault se montrera déterminé mercredi dans le Salon bleu de l’Assemblée nationale à faire mentir le pessimisme ambiant ― y compris en matière d’environnement.
« C’est votre gouvernement », insistera-t-il dans le discours d’ouverture de la session parlementaire, a appris Le Devoir.
M. Legault dévoilera mercredi au Parlement le « plan de match » de son équipe ministérielle en matière d’éducation, de santé et d’économie : ses trois « grandes priorités ».
Il ne fera pas pour autant fi de la mobilisation pour l’environnement qui s’amplifie depuis l’élection de la Coalition avenir Québec, le 1er octobre dernier. Le nouveau chef de gouvernement plaidera pour un développement économique, qui « doit se faire dans le respect de l’environnement ».
Le combat contre les changements climatiques doit rallier le plus grand nombre, est convaincu M. Legault. « Il faut le faire sérieusement. Il ne faut pas le faire contre les Québécois. Il ne faut pas le faire en donnant des leçons aux Québécois », insistera-t-il, selon un conseiller.
Finis les « discours verts sans résultats » avec lesquels les politiciens rassurent une partie de la population, mais s’en aliènent une autre. Sur le front environnemental, le premier ministre caquiste opposera le « réalisme » à l’« idéalisme » de Québec solidaire, explique-t-on.
Dans cet esprit, le gouvernement caquiste demandera un nouvel inventaire québécois des émissions de GES, après quoi il se dotera de « cibles [de réduction] réalistes » et conviendra des « meilleurs moyens » pour les atteindre.
« Un, il faut voir où on est rendus. Deux, il faut voir c’est quoi, la prochaine cible, une cible réelle qu’on est capables d’atteindre, pas juste [pour nous permettre de] bien paraître », explique le stratège gouvernemental.
Dans sa première allocution à l’Assemblée nationale, M. Legault promettra de « gouverner pour le monde ordinaire, pas pour les groupes organisés, les groupes de pression, les syndicats et le gouvernement lui-même ».
Il réaffirmera également sa volonté d’offrir aux enfants aux prises avec des difficultés d’apprentissage les services leur permettant de se développer à leur plein potentiel.
Le chef du gouvernement s’en prendra aux pessimistes et aux défaitistes répétant que l’État ne sera « pas capable » d’aménager quelque 5000 classes de maternelles 4 ans en cinq ans comme il s’était engagé à le faire en campagne électorale.
De ce nombre, environ 220 classes pourront être créées à temps pour la rentrée scolaire de septembre 2019, a indiqué le ministre de l’Éducation, Jean-François Roberge, cette semaine. M. Legault n’a pas caché son impatience. « Ça ne va pas assez vite à mon goût », a-t-il laissé tomber mercredi. « On fait tout ce qu’il est possible de faire pour septembre 2019. Mais, préparez-vous pour la rentrée de septembre 2020, il va y en avoir, des classes de maternelles 4 ans », a-t-il ajouté.
Le dépistage des troubles de développement et d’apprentissage des tout-petits, que ce soit dans des maternelles 4 ans, des CPE ou encore des CLSC, constituera la priorité du gouvernement, soulignera M. Legault mercredi.
Le discours d’ouverture prononcé par le premier ministre est « lu et retenu par les hauts fonctionnaires », souligne un membre de la garde rapprochée de M. Legault.
En santé, le premier ministre s’engagera à relever le principal défi auquel fait face le réseau : l’accès à la première ligne. Après avoir déclaré la guerre aux « patates en poudre » et milité en faveur d’un deuxième « bain » dans les CHSLD, le premier ministre promettra d’accroître les services offerts aux aînés en plus d’épauler financièrement les proches aidants.
Le chef de la CAQ ne manquera pas l’occasion de réitérer ses promesses d’instaurer un taux de taxe scolaire uniforme au Québec, de mettre sur pied un programme d’« allocation famille » « plus généreux, plus équitable et plus simple », en plus de mettre fin à la modulation des tarifs de garde.
Le ministre des Finances, Éric Girard, détaillera le lundi 3 décembre, dans une mise à jour économique et financière, les premières mesures retenues pour « mettre plus d’argent dans le portefeuille des familles ».
Certains de ses collègues déposeront les premiers projets de loi de la 42e législature. Il y en aura un pour uniformiser la taxe scolaire à travers le Québec. Il y en aura un pour soumettre les nominations des grands patrons de la Sûreté du Québec, de l’Unité permanente anticorruption (UPAC), et du Directeur des poursuites criminelles et pénales (UPAC) à un vote aux deux tiers de l’Assemblée nationale. Un autre pour hausser de 18 à 21 ans l’âge de consommation du cannabis.
Le discours de M. Legault « démontrer[a] aux Québécois qu’on est le gouvernement du changement », explique le leader parlementaire, Simon Jolin-Barrette.
Chose certaine, « s’il n’y a pas les mots “changements climatiques” dans son discours inaugural, ça va être un échec pour François Legault », prévient l’élu solidaire Gabriel Nadeau-Dubois.
Les élus d’opposition pourront confronter le premier ministre et ses ministres dès jeudi prochain. Le Salon bleu sera alors le théâtre de la première période de questions. Ils ne manqueront pas une occasion de relever chacune des contradictions entre les promesses de la CAQ et les décisions de son gouvernement.
François Legault dévoilera mercredi le «plan de match» du «gouvernement des Québécois» qu’il dirige.
Chronique Le gouvernement Legault saura-t-il répondre à l’obsession de l’environnement?
Les bénéficiaires espèrent que leur parole sera entendue.