L’ombudsman presse Montréal d’agir en matière d’itinérance autochtone

Des dizaines d’Autochtones en situation d’itinérance occupent les trottoirs à proximité de l’intersection de la rue Milton et de l’avenue du Parc, à Montréal.
Photo: Jacques Nadeau Le Devoir Des dizaines d’Autochtones en situation d’itinérance occupent les trottoirs à proximité de l’intersection de la rue Milton et de l’avenue du Parc, à Montréal.

L’ombudsman de Montréal presse la Ville d’agir promptement afin de répondre aux besoins criants des itinérants autochtones dans le secteur de Milton-Parc. Dans un rapport rendu public mercredi, Nadine Mailloux parle d’une « crise humanitaire au cœur de la métropole » et recommande à la Ville de mettre en place une ressource d’hébergement d’urgence « stable et sûre » pour cette population en détresse.

L’enquête menée par l’ombudsman fait suite à une demande d’intervention faite par un groupe de résidents qui habitent à proximité de l’intersection de la rue Milton et de l’avenue du Parc et qui se plaignent de problèmes de sécurité, de salubrité et de violence.

Ils disent vivre des problèmes d’insécurité compte tenu de la présence de dizaines de personnes qui occupent les trottoirs sur l’avenue du Parc, du danger que représente la circulation automobile et de la présence de personnes intoxiquées. Quatre accidents impliquant des itinérants, dont un mortel et un avec blessé grave, ont eu lieu en 2020 sur l’avenue du Parc, près de la rue Milton, a d’ailleurs relevé le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM). Deux autres accidents sont survenus en 2021.

« Bien que le problème soit singulier et fortement lié aux comportements des victimes, un tel bilan appelle à l’action et démontre l’urgence pour tous les partenaires de développer des ressources pérennes et arrimées aux besoins particuliers de cette communauté. L’inaction pourrait mener à davantage de décès », prévient l’ombudsman.

Les citoyens se questionnent aussi sur l’effet qu’a eu l’arrivée de l’organisme La porte ouverte (The Open Door), qui s’est installé au sous-sol de l’église Notre-Dame-de-la-Salette, dans Le Plateau-Mont-Royal, fin 2018.

Lacunes en planification

 

Pour mener son enquête, l’ombudsman ne s’est pas limitée à ses habituels interlocuteurs de la Ville de Montréal, puisque la question de l’itinérance sur ce territoire implique aussi deux Centres intégrés universitaires de santé et de services sociaux (CIUSSS) et plusieurs organismes communautaires.

Le rapport fait état d’une réduction de la capacité d’accueil des ressources traditionnelles malgré le nombre grandissant de personnes en situation d’itinérance. Il souligne aussi le manque de concertation et de planification dans l’offre de services aux itinérants, notamment en période hivernale. La pandémie ne justifie pas ces lacunes, indique-t-on. « Les tentes et les refuges d’urgence hivernaux sont des palliatifs somme toute dispendieux qui ne résoudront pas le problème du manque de ressources structurantes et pérennes en hébergement adapté et logement social », note l’ombudsman.

Le rapport présente plusieurs recommandations. Il presse notamment la Ville « d’assumer pleinement son leadership » et d’ouvrir une ressource d’hébergement d’urgence pour les personnes inuites. Il suggère aussi à la Ville de mieux accompagner les personnes inuites à leur arrivée dans la métropole, de réviser le mode de financement des organismes communautaires et de resserrer les mécanismes de reddition de comptes. « Il importe de passer de la parole aux actes. Il est fondamental de ne pas gérer cette situation par de simples cases à cocher dans un plan », indique le rapport.

Selon Valérie Plante, les constats décrits dans le rapport rejoignent les préoccupations de la Ville. La mairesse reconnaît qu’il faut sortir de la « logique saisonnière ». Elle estime cependant que le gouvernement du Québec doit aussi mettre la main à la pâte, puisque les dossiers d’itinérance et de santé mentale relèvent du réseau de la santé, et ce, même si Montréal a obtenu des pouvoirs accrus à titre de métropole. « Ça demeure une responsabilité du gouvernement du Québec. Soit il nous donne la responsabilité et l’argent qui vient avec, soit il vient renflouer les efforts qui sont faits par la Ville et les organismes », a-t-elle dit.

L’opposition à l’hôtel de ville reproche à l’administration de s’en remettre sans cesse à Québec. « La mairesse Plante se déresponsabilise complètement de l’itinérance », soutient le conseiller d’Ensemble Montréal Benoit Langevin. « Il est temps que l’administration de Projet Montréal sorte du déni et qu’elle assume ses responsabilités. »

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