Les Nordiques contre le troisième lien

Récemment, notre premier ministre s’est fait critiquer pour avoir ramené sur le tapis la question des Nordiques, qu’on croyait morte et enterrée. Il s’agirait selon plusieurs d’une très « mauvaise priorité ». Je m’inscris en faux contre cette vision des choses. Je suggère plutôt à François Legault de continuer dans cette voie et, mieux encore, de la pousser à son ultime limite. Qu’il ne se contente pas d’en faire une priorité. Que son gouvernement fasse tout ce qui sera nécessaire pour ramener la défunte équipe dans la Vieille Capitale. Tout. Mais à une condition : oublier le troisième lien.
En fait, ce que je propose à François Legault, c’est une transaction du genre qu’aiment les vrais amateurs de sport comme lui : une transaction majeure.
Monsieur Legault, abandonnez les 10 milliards et plus que coûtera votre fameux tunnel « écologique » dont personne, sauf la CAQ, le maire de Lévis et quelques irréductibles du char et de l’étalement urbain, ne semble vouloir et investissez ce que vous voulez dans un club de hockey. Vous pouvez même l’acheter et lui consacrer la plus grosse masse salariale de la LNH à nos frais. Et si mon offre de transaction ne vous satisfait pas encore, je suis prêt à doubler la mise. Vous pouvez aussi ramener les Expos à Montréal…
Faisons parler notre calculatrice sans trop regarder à la dépense : un milliard pour le club de hockey, un autre pour le club de baseball et un milliard de plus pour un stade de baseball neuf. Ce sont des chiffres plutôt généreux, surtout lorsqu’on considère que le projet de stade du groupe Bronfman ne dépasse pas les 500 millions et qu’il ne projette pas l’acquisition d’une nouvelle concession de baseball. Mais malgré cette prodigalité, nous n’en sommes toujours qu’à 3 milliards, soit 7 milliards de moins que pour le troisième lien. Ça nous laisse une très grosse marge de manœuvre pour couvrir les dépenses de fonctionnement de nos deux nouvelles équipes professionnelles.
Bien sûr, cette transaction n’aura jamais lieu. Et c’est bien dommage, car je suis convaincu que, si on la présentait à des analystes sérieux, des économistes par exemple, ces derniers y favorables. Oui, bien sûr, ils ne manqueraient pas de rappeler que le sport professionnel ne génère pas vraiment de retombées économiques réelles et que le Québec a d’autres priorités budgétaires. Mais au moins on ferait plaisir aux amateurs de sport des deux plus grandes villes du Québec sans ruiner les finances du Québec pour une génération, comme avec le troisième lien. Et les clubs de sport professionnel ont cet avantage : si ça ne fonctionne pas, on peut toujours les vendre et les déménager. Pas les tunnels…