Nos enfants sont aussi les vôtres
À un ami cher qui me demandait il y a quelques années si j’allais avoir des enfants, j’avais répondu ceci : « Il y a des mères qui ont la chance d’avoir des enfants, et il y en a d’autres qui sont mères même sans enfants. Je suis sûre que je suis une mère. Mais je ne sais pas si j’aurai des enfants. »
À chaque fête des Mères, je pense à toutes celles que ce jour blesse. À chaque fois que quelqu’un se sent heurté par le nom même du mouvement Mères au front, que j’ai contribué à créer, je suis profondément désolée par le malentendu tenace qui suggère que notre élan du cœur pour protéger les jeunes générations est exclusif à celles qui ont le privilège de faire grandir de petits vivants. Même si nous le répétons sur toutes les tribunes, même si parmi nos membres les plus impliquées se trouvent des personnes sans enfants, même si la forme de l’organisation est conçue pour que chacun et chacune qui se reconnaît dans les valeurs que nous défendons puisse s’approprier ce véhicule pour exiger de nos dirigeants un futur habitable, il y a une faille profonde qui se cache dans ce mot, « mère », pour chacun et chacune d’entre nous. C’est cette faille et cette blessure qui est à la source de la force du mouvement. C’est aussi elle qui meurtrit malgré nous certaines de nos alliées naturelles.
C’est avec un amour immense que nous répondrons toujours, à tous ceux et à toutes celles que ce mot fait malheureusement se sentir exclus : vous êtes ici chez vous. Ce mouvement est le vôtre. Et plus important encore : nos enfants sont aussi les vôtres.
Venez en prendre soin avec nous, venez vous battre pour eux avec nous, nous vous attendons les bras grands ouverts. Nous avons besoin de vous. Nous avons besoin de vos forces, de vos voix, de vos blessures et de vos lumières.