Difficile pénurie

De grandes associations patronales ont, à l’unisson, lancé un appel à l’aide au gouvernement du Québec afin qu’il réponde de toute urgence à une situation de pénurie de main-d’œuvre qui atteindrait l’état de crise. Les données peuvent parler d’elles-mêmes. Statistique Canada dénombrait 871 600 postes vacants en août, dont 219 400 au Québec. En proportion de tous les postes (vacants et occupés), le taux de postes vacants atteignait 5,2 % à l’échelle canadienne (5,7 % au Québec). Depuis octobre 2020, il avait auparavant oscillé entre 3 % et 4,9 %.

Tous les secteurs sont touchés à différents degrés. Les taux les plus bas étant observés dans les services d’enseignement (1,4 %) et les services publics (1,6 %), à l’exception des soins de santé et d’assistance sociale (5,3 %). À l’autre bout du spectre, on retrouve les industries directement visées par les mesures de restriction, de confinement et de distanciation. Le taux de postes vacants atteint les 12,3 % dans les services d’hébergement et de restauration, et les 6,3 % dans les arts, spectacles et loisirs. La rémunération hebdomadaire moyenne a pourtant augmenté d’environ 11,5 % dans ces industries entre les mois d’août 2020 et 2021, contre 2,6 % pour l’ensemble des secteurs, mais rien n’y fait.

Certes, de tels taux peuvent aussi s’expliquer par une croissance de l’emploi, par un roulement élevé du personnel ou encore par une inadéquation entre les caractéristiques des postes à pourvoir et les travailleurs disponibles. Un récent sondage, réalisé par ADP Canada auprès des petites entreprises, vient cependant illustrer le désarroi que vivent ces entreprises. Et les problèmes de pénurie seraient davantage ressentis au Québec.

On y lit que 79 % des petites entreprises qui ont dû réduire leurs effectifs pendant la pandémie ont pu réembaucher des employés. Mais 33 % déclarent éprouver des difficultés à trouver des travailleurs. Si le phénomène de rareté existait avant la pandémie, 46 % soulignent que la pénurie s’est aggravée durant la crise sanitaire.

Parmi ces employeurs évoquant des difficultés de recrutement, 46 % ont eu à augmenter les salaires, 27 % ont bonifié les avantages sociaux et 19 % ont instauré une semaine de travail plus courte.

« Ce sont les propriétaires de petites entreprises du Québec qui ont le plus de mal à trouver et à retenir des talents, 44 % d’entre eux ayant du mal à trouver des travailleurs et 63 % trouvant qu’il est plus difficile de trouver et de retenir des employés qu’avant la pandémie », poursuit la firme-conseil en ressources humaines.

Sur l’aspect de la rétention, les propriétaires de petites entreprises interrogés rapportent voir le personnel quitter pour un meilleur salaire (32 %), pour changer de carrière (29 %) ou pour assumer un niveau de responsabilité plus élevé (17 %).

L’enquête a été menée du 7 au 17 octobre auprès de 772 propriétaires de petites entreprises, décideurs et dirigeants canadiens. Un échantillon probabiliste de cette taille a une marge d’erreur estimée de +/-3,5 %, 19 fois sur 20.

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