Le bilan s'alourdit et les troupes russes arrivent au Kazakhstan

Les autorités ont fait état de «dizaines» de manifestants tués et de plus d’un millier de personnes blessées.
Photo: Alexander Bogdanov Agence France-Presse Les autorités ont fait état de «dizaines» de manifestants tués et de plus d’un millier de personnes blessées.

Des troupes russes sont arrivées jeudi au Kazakhstan pour appuyer le pouvoir en place qui fait face à des émeutes qui ont fait des dizaines de morts, la situation restant explosive avec des coups de feu tirés à Almaty, la capitale économique.

Le plus grand pays d’Asie centrale est ébranlé par une contestation qui a éclaté dimanche dans l’Ouest après une hausse des prix du gaz avant de gagner Almaty, où les manifestations ont viré à l’émeute contre le pouvoir, des protestataires s’emparant de bâtiments officiels.

Les violences se sont poursuivies jeudi. Un correspondant de l’AFP a entendu plusieurs coups de feu dans le centre de cette ville, qui portait les stigmates des affrontements de la veille, avec des façades d’immeubles noircies par les flammes, des carcasses de véhicules calcinées et des flaques de sang au sol.

Des médias locaux ont affirmé jeudi soir que les forces de l’ordre avaient chassé les manifestants de la principale place d’Almaty et repris le contrôle des bâtiments officiels, ce que l’AFP n’a pas pu vérifier.

Peu auparavant, Moscou avait annoncé l’arrivée au Kazakhstan de militaires russes dans le cadre du déploiement d’une « force collective de maintien de la paix » de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), un groupe sous contrôle russe, à l’appel du gouvernement kazakh.

Jeudi, les États-Unis ont mis en garde les troupes russes contre toute violation des droits de la personne ou velléité de « prise de contrôle » des institutions du pays.

« Les États-Unis, et franchement le monde entier, surveillent toute éventuelle violation des droits de la personne. Et nous surveillons aussi tout acte qui pourrait jeter les bases pour une prise de contrôle des institutions du Kazakhstan », a déclaré le porte-parole de la diplomatie américaine, Ned Price.

« Nous espérons que le gouvernement du Kazakhstan sera en mesure de répondre aux problèmes qui sont fondamentalement de nature économique et politique », a-t-il ajouté.

« Terrifiant »

Les violences ont suscité un choc au Kazakhstan, pays d’environ 19 millions d’habitants, riche en ressources naturelles et réputé pour son gouvernement aussi stable qu’autoritaire.

Saule, une manifestante de 58 ans, dit avoir vu une dizaine de protestataires tomber sous les balles des forces de l’ordre près de la résidence présidentielle à Almaty mercredi soir.

2300
C’est le nombre de personnes, rien qu’à Almaty, qui ont été arrêtées selon un bilan des autorités kazakhs.

Manifestant contre la « corruption », elle se dit en outre « profondément déçue » par le président kazakh, Kassym-Jomart Tokaïev, qui a accusé des groupes de « terroristes » formés, selon lui, à l’étranger d’être derrière les émeutes.

Le bilan de ces troubles est lourd : les autorités ont fait état de « dizaines » de manifestants tués et de plus d’un millier de personnes blessées, dont 62 grièvement. Dix-huit membres des forces de sécurité ont été tués et 748, blessés, ont par ailleurs rapporté les agences de presse, citant les autorités. Ces dernières, qui ont instauré l’état d’urgence et un couvre-feu nocturne, ont annoncé jeudi qu’environ 2300 personnes avaient été arrêtées rien qu’à Almaty.

M. Tokaïev a jusque-là échoué à calmer les manifestants, malgré des concessions sur le prix du gaz et du carburant, et le limogeage du gouvernement.

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