Une naissance de caribou à Val-d’Or

La nouvelle est passée relativement inaperçue, mais les derniers caribous de la région de Val-d’Or ont ajouté cette année un nouveau faon à leur harde au seuil de la disparition et gardée en captivité depuis mars 2020. Une naissance qui survient au moment où le gouvernement s’apprête à envoyer des caribous de Charlevoix et de la Gaspésie en captivité, pour tenter de les sauver.
Selon les informations fournies par le ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs (MFFP), le faon de caribou forestier, un mâle, est né à la fin du mois de mai dans l’enclos qui abritait les derniers caribous de la région de Val-d’Or. Il serait toujours bien vivant, a-t-on confirmé jeudi.
Ces cervidés, que le gouvernement Couillard avait voulu envoyer au zoo de Saint-Félicien en 2017, ont finalement été capturés et placés dans un enclos en mars 2020. Ils étaient alors sept bêtes, mais un caribou est par la suite décédé, de cause inconnue. La naissance de cette année ramène donc le compte à sept caribous.

Populations isolées
Cette harde isolée est devenue le symbole du déclin des caribous forestiers au Québec. Mais elle n’est pas la seule à être au seuil de l’extinction. Selon les inventaires du MFFP, la population de caribous de la région de Charlevoix ne compte plus que 17 bêtes, dont un seul faon. Au début des années 1990, cette population isolée comptait 125 individus.
La perturbation de leur habitat, notamment par l’industrie forestière, est à l’origine de ce déclin marqué, selon ce qui se dégage du rapport d’inventaire du MFFP. Concrètement, les coupes forestières, en plus de détruire les vieilles forêts nécessaires pour l’alimentation des caribous, facilitent l’arrivée des prédateurs, ce qui a notamment pour effet d’augmenter la mortalité des jeunes caribous.
Quant aux caribous montagnards de la Gaspésie, qui constituent la dernière population de l’espèce vivant au sud du Saint-Laurent, ne sont pas plus de 32 à 36 bêtes, selon le plus récent inventaire. En 2019, leur cheptel en déclin était évalué à 40 bêtes, alors que les inventaires publiés à partir de données de 2017 signalaient la présence d’environ 75 bêtes.
Captivité
Le MFFP doit d’ailleurs procéder à la capture et à la mise en enclos de tous les caribous de Charlevoix au cours de cet hiver. La planification de la mise en enclos est similaire dans le parc national de la Gaspésie, sauf que, dans ce cas, deux sites seront aménagés : un dans le secteur du mont Albert et un dans le secteur du mont McGerrigle.
Le MFFP prévoit par ailleurs de capturer uniquement les femelles gestantes de la Gaspésie au cours de l’hiver prochain. Les femelles seront transportées en captivité afin de protéger les faons des prédateurs. Elles pourraient ensuite être relâchées au bout de quelques semaines, ou alors demeurer plus longtemps en captivité, selon le succès de cette opération.
Au mieux, on ne compte plus que quelques milliers de caribous forestiers au Québec et le déclin se poursuit, selon les inventaires du MFFP. Certains groupes de cervidés se trouvent aujourd’hui dans une situation « extrêmement précaire » et leur survie à long terme est qualifiée de « peu probable ».
Le gouvernement Legault a néanmoins décidé, au début du mois de novembre, de ne pas présenter cette année de stratégie visant à protéger les différentes populations de caribous forestiers de la province. Une telle stratégie est promise pour 2023, soit après les prochaines élections provinciales.
En lieu et place d’un plan de sauvetage de l’espèce, le ministre des Forêts, de la Faune et des Parcs, Pierre Dufour, a décidé de mettre sur pied une « commission indépendante » qui devra mener des consultations publiques « dans certaines régions » où l’on trouve des caribous forestiers ou montagnards, soit le Saguenay–Lac-Saint-Jean, la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue, le Nord-du-Québec et la Gaspésie. Toutes ces régions comptent une industrie forestière.
Cette commission ne compte aucun biologiste, aucun expert des écosystèmes forestiers et aucun expert du caribou forestier, même si cette espèce est étudiée par plusieurs scientifiques au Québec.