Premier investissement privé pour le Fonds de croissance autochtone

Lancé au printemps 2021, le Fonds de croissance autochtone obtient son premier investissement provenant d’une entreprise privée. Block, spécialisée dans le paiement électronique et basée à San Francisco, consacre trois millions de dollars à ce fonds destiné au démarrage ou à la croissance d’entreprises autochtones canadiennes.
Les 150 millions de dollars qui constituaient le fonds jusqu’à présent provenaient d’institutions publiques fédérales.
Pour Jean Vincent, président du conseil d’administration de l’Association nationale des sociétés autochtones de financement (ANSAF), l’organisme qui gère le fonds, la confiance accordée par cette importante compagnie américaine, dirigée par le cofondateur de Twitter Jack Dorsey, est de bon augure.
« L’entreprise croit que le produit est bien structuré et de qualité institutionnelle et qu’elle va récupérer du capital et du rendement à la fin, tout en aidant les Premières Nations », a expliqué M. Vincent.
Ce dernier croit que la nouvelle va encourager d’autres entreprises à emboîter le pas, dans le contexte où elles sont de plus en plus nombreuses à s’intéresser aux investissements responsables sur les plans environnemental, social et de la gouvernance (ESG). Développer l’entrepreneuriat au sein des communautés autochtones afin de réduire les écarts de richesse entre les Autochtones et les allochtones correspond justement aux critères de la finance sociale, estime M. Vincent.
« Notre investissement […] concrétise notre engagement à l’égard de la réconciliation économique et reflète l’objectif de Block d’accroître l’accès à l’économie », a d’ailleurs fait savoir Courtney Robinson, responsable mondiale de l’inclusion financière chez Block, par voie de communiqué. L’entreprise a mis en place ce qui est décrit comme « un investissement à impact social mondial de 100 millions de dollars américains pour soutenir les communautés minoritaires et mal servies ».
Pour plusieurs raisons, les entrepreneurs autochtones ont plus difficilement accès à du financement. M. Vincent cite notamment l’éloignement géographique de certaines communautés, les différences culturelles et la Loi sur les Indiens, qui rend les biens des Autochtones non saisissables, ce qui empêche les institutions financières d’obtenir certaines garanties.
Ces entrepreneurs peuvent toutefois cogner à la porte d’une cinquantaine de sociétés de financement autochtones membres de l’ANSAF. Ces dernières reçoivent d’ailleurs de plus en plus de demandes, pour des projets de plus en plus ambitieux. Ces sociétés pourront ainsi piger dans le fonds, dont les gestionnaires espèrent qu’il atteigne 500 millions de dollars.