Der Lange Marsch, GAS

Le compositeur allemand Wolfgang Voigt a souvent présenté son projet GAS, une contemplative alliance entre musique contemporaine et techno minimaliste, comme une balade en forêt sous l’influence du LSD. Pour son septième album, il retourne tituber dans sa forêt en empruntant cette fois des sentiers déjà battus — sur le rythme binaire qui cadence Der Lange Marsch du début à la fin, les fans reconnaîtront des motifs harmoniques, mélodiques et texturaux empruntés à Königsforst (1998), à Pop (2000) et même au précédent Rausch (2018). Voigt revisite ainsi son œuvre, mais avec une nouvelle oreille, retravaillant les orchestrations (les violons sont moins denses, plus aériens), donnant une nouvelle impulsion à ses vieilles idées, en introduisant même de nouvelles. C’est le cas sur le dixième mouvement, alors que le son d’un chœur surgit d’un lit de cordes ayant appartenu à Rausch, marquant pour la première fois son recours à la voix dans le corpus GAS. Entre le familier et l’inouï, Voigt offre un disque encore envoûtant qui pourra faire office d’initiation à sa discographie.