«Fermont»: une vie en XL

À Fermont, le bout du monde a des allures de refuge polaire. Aimer Fermont, c’est aimer beaucoup l’hiver, qui doit bien durer huit mois par année, confirme en riant Samuel Bélanger-Desrosiers. « Il y a deux saisons à Fermont : l’hiver passé, pis l’hiver prochain », blague celui qu’on attrape un jour de « sautage », les meilleures, à son humble avis. C’est le genre de moments, à la fois concret et touchant, que capture la série documentaire Fermont.
Le réalisateur, Louis Asselin (Nos élus, De garde 24/7 saison 3), nous entraîne 565 kilomètres au nord de Baie-Comeau pour y partager le quotidien des travailleurs du gigantesque complexe minier de Mont-Wright. En dix épisodes, la série prendra le temps d’observer, mais surtout d’écouter ceux qui ont choisi comme port d’attache cette ville improbable née autour de l’extraction du fer, en 1974. C’est le cas par exemple de Katy Savoie, opératrice de camion minier, attirée ici par les paysages époustouflants, mais surtout par les énormes bêtes de métal qui y roulent sans relâche : « c’est à Fermont qu’on trouve les plus gros camions du monde ! »
Vite passés les clichés qui collent à la ville réfugiée derrière son mur-écran, on voit apparaître une vie pleine d’adrénaline et d’images d’Épinal, les bruits des explosifs et des avertisseurs de camions compétitionnant avec le silence des sentiers immaculés et le gloussement des perdrix grises. Une autre vie, toute en contrastes, qui se raconte simplement, baignée par ses aurores boréales et magnifiée par l’efficace narration du toujours impeccable Guy Nadon, en contrepoint.