«La fine fleur»: des roses pour Catherine Frot

Horticultrice spécialisée dans la production de roses, Ève a connu de meilleurs jours. Jadis un fleuron dans le domaine, l’entreprise héritée de feu son père n’est plus à présent que l’ombre de ce qu’elle fut. À moins de créer une nouvelle variété de rose qui lui permettrait de gagner un prestigieux concours, Ève sera sous peu acculée à la faillite. Pire : elle pourrait devoir se résoudre à vendre à un riche et peu éthique concurrent. C’est alors que sa dévouée assistante a l’idée de souscrire à un programme de réinsertion grâce auquel trois employés arrivent en renfort. Du lot, Fred démontre des aptitudes insoupçonnées. Comédie aux velléités feel good, La fine fleur vaut d’abord pour la présence de la toujours merveilleuse Catherine Frot.
D’emblée, le film de Pierre Pinaud (Parlez-moi de vous) fait un peu songer à Greenfingers (Jardinage à l’anglaise, 2000), dans lequel la tout aussi merveilleuse Helen Mirren jouait l’horticultrice réputée prenant sous son aile des prisonniers apprentis jardiniers, dont l’un plein de potentiel (Clive Owen).
Or, là où son prédécesseur privilégiait le point de vue du détenu prodige, La fine fleur épouse davantage celui d’Ève. On découvre ainsi graduellement les origines et la profondeur de sa passion pour les roses, on partage son angoisse légitime à la perspective de perdre l’entreprise familiale, ce qu’elle perçoit comme un énorme échec personnel…
Tout cela fournit à Catherine Frot une belle matière dramatique que la vedette sait mettre à profit. N’ayant pas son pareil pour insuffler d’irrésistibles notes de fantaisie à ses compositions (Un air de famille, La dilettante et Mon petit doigt m’a dit), l’actrice est tout aussi à l’aise dans le drame (L’empreinte de l’ange, Sage femme, Marguerite). Ici, elle conjugue les deux avec bonheur sans perdre de vue la nature légère du film.
Un film qui, s’il séduit l’œil grâce à la direction photo évocatrice de Guillaume Desfontaines (Camille Claudel 1915 et Ma loute, de Bruno Dumont), s’avère assez inégal côté intrigue.
Parenthèse mal avisée
En effet, si l’on apprécie les volets professionnel (dans les serres et dans les champs) et personnel (dans le manoir décati qui sert autant de bureau que de refuge à Ève), on n’est en revanche pas du tout convaincu par une parenthèse criminelle.
On fait en l’occurrence référence à cette sous-intrigue mal avisée et hautement improbable, au mitan, qui voit Fred (Melan Omerta) et ses collègues (Marie Petiot, Fatsah Bouyahmed) planifier et exécuter un cambriolage hollywoodien chez le vil concurrent de leur patronne (Vincent Dedienne).
Outre qu’on n’y croit pas un seul instant, ce segment jure avec l’approche, ailleurs somme toute réaliste. En fait, dès qu’on s’éloigne trop longtemps de Catherine Frot et de son personnage, le film pâtit. Car, au fond, la vraie fine fleur du titre, c’est elle.