«Spider-Man. Sans retour»: lettre d’amour à Spidey

Les attentes étaient immenses. Elles seront comblées pour qui verra Spider-Man. Sans retour (V.F. de Spider-Man : No Way Home) bientôt, sans avoir rien lu (ou le moins possible, même si c’est un défi) sur le sujet ; et pour qui est séduit par l’idée de voir tout ce qui a été posé dans les sept films précédents emballé et noué en un seul film-cadeau.
Truffé de références, Sans retourmultiplie en effet les clins d’œil à un rythme « avalanchesque » en direction de la trilogie marquante (si on en exclut le troisième volet) de Sam Raimi (avec Tobey Maguire), du diptyque sous-estimé de Marc Webb (avec Andrew Garfield) et des deux premières parties de la trilogie de Jon Watts (avec Tom Holland), dont ce long métrage est la (fort probable) conclusion. Mieux, le film regarde aussi en direction de l’avenir de l’Univers cinématographique Marvel (oui, cela peut faire peur).
Les divulgâcheurs abondent sur la Toile, mais il est hors de question ici d’en ajouter. Disons simplement que Sans retour commence immédiatement là où se terminait Loin des siens, au moment où Mysterio révélait à tous qu’à l’état-civil, Spider-Man était un adolescent appelé Peter Parker. Les retombées de cette révélation se font sentir dès les premières images de Sans retour : son identité dévoilée et de fausses intentions lui étant prêtées, Peter voit toute sa vie, sans et sous le masque, partir en vrille.
Il se tourne alors vers le Dr Strange (Benedict Cumberbatch, toujours parfaitement pince-sans-rire) afin qu’il utilise sa magie pour faire oublier au monde entier que Spider-Man est Peter Parker — et vice-versa. Sauf que les choses dérapent et que rien ne va plus. Il le fallait… pour avoir un film, et parce que le temps est venu d’utiliser le potentiel de ce multivers dont des fragments apparaissent dans l’Univers cinématographique Marvel depuis l’amorce de la phase 4. Pensons entre autres aux séries WandaVision,Loki et What if…? ; et au prochain opus cinématographique, Doctor Strange in the Multiverse of Madness. Qui a été déplacé sur la lignetemporelle du UCM, qui prendra l’affiche le 6 mai et qui est réalisé par Sam Raimi. Un autre renvoi de balle vers Spider-Man ?
Au-delà de l’anecdote
On le sait, parce que cela a été utilisé comme outil promotionnel : les méchants que Spidey a affrontés dans les films précédents sont de retour dans Sans retour. Mais le scénario de Chris McKenna et Erik Sommers va beaucoup plus loin : cette histoire, qui aurait pu rester à un niveau anecdotique et se faire fausse bonne idée, a du cœur et de la tête.
Les scénaristes bouclent la boucle de certains moments laissés en suspens et cochent avec sensibilité des « cases » jusqu’ici laissées vides, mais essentielles au plein développement du personnage. Impossible de ne pas être ému quand (chut…), de ne pas éclater de rire lorsque (chut-bis…) ou de ne pas sauter de joie sur son siège alors que (chut-ter…). Au-delà des surprises et des apparitions, il y a donc ici une histoire solide qui explore un superhéros unique par sa jeunesse et son côté bienveillant.
Visuellement impeccable (les effets spéciaux sont de haut niveau), interprété par des acteurs et actrices qui habitent leurs personnages comme une seconde peau (Tom Holland est à la fois attachant et tragique ; Zendaya est époustouflante en MJ ; Marisa Tomei est une May parfaite dans sa différence ; etc.), Sans retour revient et réfléchit au principe originel de Peter Parker : à grand pouvoir, grande responsabilité.
Le parcours n’est toutefois pas sans heurts, avec quelques ruptures de ton qui détonnent ici et là. Lorsque, par exemple, le danger est imminent ou que la tragédie vient de frapper et que s’imposent des pauses humoristiques. Sauf qu’elles sont souvent irrésistibles. Alors, on passe par-dessus et on continue… probablement pour longtemps. Parce que le tout — la fin du film comme telle de même que les deux scènes supplémentaires — débouche sur un champ des possibles aux dimensions stratosphériques. C’est dit.