27 000 documents à déménager

Le centre de documentation du MCC est situé au 225, Grande Allée Est à Québec.
Photo: Jean Gagnon Creative Commons Le centre de documentation du MCC est situé au 225, Grande Allée Est à Québec.

La bibliothèque du ministère de la Culture et des Communications du Québec (MCC), qui contient quelque 27 000 titres, sera définitivement fermée. Son contenu, ou du moins une partie, migrera vers la bibliothèque Cécile-Rouleau, du ministère du Travail, de l’Emploi et de la Solidarité sociale.

C’est ce qui a été confirmé dans une note de service envoyée aux employés du ministère, dont Le Devoir a obtenu copie. Dans cette note, le MCC assure par ailleurs que les employés pourront avoir accès aux ressources de la bibliothèque après le déménagement.

Le ministère a mis sur pied un « bureau de projet », chargé d’évaluer le contenu à déménager, les services à maintenir pour répondre aux besoins, et la collaboration à établir avec Bibliothèque et Archives nationales du Québec. Le bureau devra également prendre des décisions au sujet de la « littérature grise », appellation désignant la documentation gouvernementale qui n’a pas fait l’objet de publications. Il doit également dégager « des pistes de solution en ce qui concerne les documents conservés dans les locaux du Centre de conservation du Québec, et de la Réserve d’archéologie du Québec, ainsi que les documents appartenant au Conseil du patrimoine du Québec ».

À la suite de protestations, dont Le Devoir avait fait état en 2021, le MCC a demandé à une consultante externe spécialisée en bibliothéconomie, Silvie Delorme, coordonnatrice de ce bureau de projet, de produire un rapport d’évaluation de la situation. Cette dernière a déposé un premier rapport en décembre dernier. « Vous pouvez y avoir accès par la loi d’accès à l’information », a-t-elle dit, suivant les directives du ministère.

« Tout ce que je peux dire, c’est que le ministère est dans une démarche sérieuse », a-t-elle simplement ajouté. De son côté, la députée de Québec solidaire Catherine Dorion s’inquiète du fait qu’il est « extrêmement difficile » d’avoir de l’information sur le processus.

« On a cru bon d’alerter les médias parce que ça nous inquiète », dit-elle. Combien de bijoux méconnus se trouvent dans cette bibliothèque ? demande-t-elle, faisant référence à certains documents relatifs à la crise d’Octobre ou encore de l’histoire du théâtre au Québec. Les rapports ministériels, commandés au fil des ans, s’y trouvent également.

En 2020, le ministère de la Culture et des Communications avait évoqué le manque de personnel pour justifier la fermeture de la bibliothèque, après qu’un employé a pris sa retraite et que l’autre a changé d’emploi. « À l’été 2020, le MCC a entrepris une analyse des besoins », explique le ministère dans un courriel.

Documents en un exemplaire

 

Pour Fernand Harvey, qui signait plus tôt cette année l’ouvrage Histoire des politiques culturelles au Québec, 1855 à 1976, aux éditions du Septentrion, la mise en place d’un comité d’évaluation de la bibliothèque est une bonne nouvelle. Le fonds de la bibliothèque, qu’il a consulté pour la rédaction de son ouvrage, compte notamment tous les documents assemblés lors de la demande de classement d’un édifice au patrimoine.

« Il y a par exemple une enquête sur la musique et le théâtre. Souvent, on n’en trouve qu’un seul exemplaire dactylographié », dit-il.

Du côté du ministère de la Culture et des Communications, on répond aux questions par écrit, assez laconiquement. « Le centre de documentation est un service interne aux employés du MCC, localisé au 225, Grande Allée Est, à Québec. Il ne s’agit pas d’un service offert au grand public. Le centre de documentation du Ministère regroupe principalement des monographies, mais également quelques milliers de numéros de périodiques pour un total d’environ 27 000 titres. Certains chercheurs externes consultent à l’occasion certains ouvrages de la bibliothèque », nous répond-on.

La Corporation des bibliothécaires professionnels du Québec, qui s’est d’abord inquiétée de la fermeture de la bibliothèque, espère que la collection, une fois transférée, sera gérée par un personnel suffisant pour l’animer.

« Il y a toujours une certaine perte quand le centre de documentation d’un ministère ferme », dit la vice-présidente Anne-Frédérique Champoux. Cependant, une bibliothèque n’est rien lorsqu’elle est laissée dans un local sans personnel, mentionne-t-elle. Reste à savoir si la bibliothèque Cécile-Rouleau aura assez de personnel pour mettre en valeur ses nouvelles collections.

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