«Compagnons d’arbres»: une plante à la fois

La belle saison ramène sur les terres déboisées du nord du Québec et d’ailleurs des centaines de travailleurs, surtout jeunes, parfois moins jeunes, mais toujours prêts à trimer dur dans des conditions extrêmement difficiles. Ils vont planter des milliers d’arbres des semaines durant, payés à la pièce, dans l’espoir d’amasser un petit pactole, mais aussi, très souvent, parce qu’ils en tirent un certain plaisir. Les adeptes du « planting », qu’on nomme désormais plus élégamment des « reboiseurs », sont au cœur de cette très belle série documentaire d’observation, comme il s’en fait beaucoup au Québec depuis quelques années, mais pas toujours avec autant de bonheur.
La scénariste Johanne de Bellefeuille et les réalisateurs Mathieu Cyr, Emmanuel Bergeron et Jean Lefebvre ont créé dans Compagnons d’arbres un parfait équilibre entre le récit d’une saison de reboisement, avec ses hauts et ses bas, et les portraits sentis des acteurs de ce milieu, du contremaître aux recrues et aux pros du reboisement, sans oublier les cuisiniers. La série, exempte de narration, portée uniquement par les propos de ses intervenants et quelques tableaux, intègre habilement l’explication des particularités de ce métier, certes noble, mais ô combien ardu pour le corps et l’esprit, et a le mérite de ne pas éluder l’objectif d’abord commercial de cette mission dans une nature sauvage, souvent hostile, mais tout de même magnifique. On est loin d’envier les protagonistes de cette série, sinon pour leur persévérance (et leur tolérance aux insectes…), mais on ne peut faire autrement que les admirer.