Richardson Zéphir, né pour la scène

Malgré certains segments trop consensuels, le premier spectacle solo de Richardson Zéphir brille par de savoureux élans de délire.
Photo: Eric Myre Malgré certains segments trop consensuels, le premier spectacle solo de Richardson Zéphir brille par de savoureux élans de délire.

Avec ses aptitudes pour la danse, le chant et la comédie, Richardson Zéphir est ce qu’il est convenu d’appeler une triple menace. Après quelques détours, notamment du côté de la pétrochimie et de la restauration, le showman jovial et charismatique de 44 ans procédait mardi à la rentrée montréalaise de son premier spectacle solo : Zéphir. Pas de doute, les gens qui étaient réunis ce soir-là entre les murs de l’Olympia ont assisté à la naissance d’un humoriste.

Comme il s’agit d’une entrée en matière, Zéphir n’avait pour ainsi dire pas le choix de parler de ses origines haïtiennes, de son enfance à Laval, de son statut dans la cour d’école, de son engouement pour Eddie Murphy (en version doublée) et de sa passion dévorante pour l’improvisation. En revisitant ses souvenirs, l’humoriste offre certains des meilleurs moments de la soirée. La portion concernant ses années en tant que gérant d’une entreprise de location de pédalos dans le Vieux-Port de Montréal est tout simplement hilarante.

Autre sujet imposé : sa participation à la première saison de l’émission Big Brother Célébrités. Rappelons qu’incapable de prendre part à des alliances, mais très doué pour se faire des amis, Zéphir a été évincé après 11 semaines, sur un maximum de 13, et qu’il a remporté le prix du public. Après quelques révélations croustillantes — il a approvisionné secrètement le chanteur Maxime Landry en nourriture alors que ce dernier était censé jeûner ! —, l’humoriste reconnaît que sa participation à la téléréalité a donné un élan considérable à sa carrière.

Occasions manquées

 

Puis, vient le moment où Richardson Zéphir approche les sujets qui fâchent, mais toujours en ménageant la chèvre et le chou, sans jamais s’engager, sans jamais prendre position, comme s’il ne voulait déplaire à personne, surtout ne pas choquer. À quoi bon aborder le racisme et le sexisme dans un spectacle d’humour, si c’est pour le faire de manière consensuelle ?

Même lorsqu’il interroge le véganisme, ou la délicate question du poil sur le corps de la femme, l’humoriste le fait de façon éculée, complaisante, sans adopter de point de vue franc. Il y avait là de multiples occasions, malheureusement toutes manquées.

Il est un tableau qui vaut à lui seul le détour. À partir de la peur que lui inspire une abeille s’étant introduite avec lui dans l’habitacle d’un taxi, l’humoriste se lance dans un savoureux délire, une histoire rocambolesque, et même bédéesque, où le triomphe du héros passe par la puissance de son érection. C’est certainement dans ce type de récit au ton absurde, rempli de rebondissements, où il incarne différents personnages, adopte plusieurs voix, postures et mimiques, que Richardson Zéphir étonne, se distingue, brille de tous ses feux.

Zéphir

De Richardson Zéphir. Au théâtre Desjardins (LaSalle), le 26 mai, à la salle Méchatigan (Sainte-Marie-de-Beauce), le 2 juin, et au Cabaret-Théâtre du Vieux-Saint-Jean (Saint-Jean-sur-Richelieu), le 12 juin. Le 22 juillet, au théâtre Maisonneuve de la PdA, il animera deux galas Juste pour rire en compagnie d’Eddy King.

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